Washington - La banque centrale des Etats-Unis (Fed) a annoncé
jeudi qu'elle allait augmenter le montant de la perfusion financière sous
laquelle elle maintient l'économie américaine afin de soutenir la relance du
marché de l'emploi et de l'immobilier.
Son Comité de politique monétaire (FOMC) a décidé que la Réserve fédérale
allait racheter à partir de vendredi de nouveaux titres adossés à des créances
immobilières émis par les organisme de refinancement hypothécaires parapublics
(Fannie Mae, Freddie Mac) à raison de 40 milliards de dollars par mois.
La Fed ne fixe pas de date de fin à ce nouveau programme qui va créer de
nouveau de la monnaie et indique qu'elle le continuera si "la perspective du
marché du travail ne s'améliore pas nettement".
Elle est même prête à augmenter ses rachats ou à employer d'"autres moyens",
non précisés, pour parvenir à cette amélioration tant espérée par les quelque
12,5 millions de chômeurs que compte officiellement le pays, mais aussi par des
millions d'autres Américains contraints de travailler à temps partiel faute de
pouvoir trouver mieux.
L'économie du pays continue de croître, reconnaît la Fed, mais lentement, et
le Comité craint que sans mesures supplémentaires, la croissance ne soit pas
assez forte pour entraîner une "amélioration soutenue" du marché du travail.
Le FOMC justifie également son action par le fait que "les tensions sur les
marchés financiers mondiaux continuent" de peser comme une épée de Damoclès sur
la reprise américaine et qu'à ses yeux, l'inflation devrait évoluer à moyen
terme sous son objectif de 2,0% sur un an.
CRÉATION MONÉTAIRE
La Réserve fédérale promet également de maintenir son taux directeur, quasi
nul depuis plus de trois ans et demi, à un niveau "exceptionnellement bas"
jusque mi-2015 au moins si nécessaire, alors que cet engagement conditionnel ne
courait jusque-là que jusque fin 2014.
Cette décision de repousser l'échéance de fin 2014 était attendue par les
analystes, mais un certain nombre d'entre eux doutaient que la Fed décide de se
lancer dans une nouvelle phase "d'assouplissement quantitatif" en créant de
nouveau de la monnaie pour financer ses rachats de titres.
Depuis l'automne 2008, la Fed a injecté ainsi 2300 milliards de dollars dans
le circuit financier.
Cette politique est très critiquée, aux Etats-Unis, par nombre de
républicains qui l'accusent de saper le dollar, à l'étranger par des pays
émergents qui l'accusent de susciter des flux de capitaux déstabilisateurs, et
au sein même de la Fed par un certain nombre de dirigeants pour qui elle risque
d'entraîner une inflation difficilement maîtrisable à terme et de compliquer le
retour à une politique monétaire normale.
Néanmoins, le FOMC estime que, combinés à ses opérations actuelles d'achats
et de ventes de titres sur les marchés financiers, ses nouveaux rachats de titre
devraient "faire pression à la baisse sur les taux d'intérêt à long terme,
soutenir le marché des emprunts immobiliers et contribuer à détendre dans
l'ensemble l'environnement financier".
La Fed est pourtant consciente des limites que ces mesures peuvent avoir dans
la mesure où elle répète régulièrement que "la politique monétaire n'est pas la
panacée" aux problèmes de l'économie américaine.
Mais comme l'action du Congrès est totalement bloquée par l'incapacité des
démocrates et des républicains à s'entendre sur les questions budgétaires et
économiques, elle est la seule à avoir les moyens d'agir.
awp
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