Madrid - L'Espagne testera jeudi la confiance des investisseurs,
avec sa première émission obligataire à long terme depuis un mois, misant tous
ses espoirs sur deux événements qui auront lieu ce même jour: la visite d'Angela
Merkel et la réunion de la BCE.
Le ministre de l'Economie Luis de Guindos s'est voulu confiant, lundi: "la
Banque centrale européenne sait parfaitement quelle est la problématique de
l'euro et agira en conséquence".
Même optimisme concernant la chancelière allemande: "je crois qu'elle vient,
essentiellement, soutenir les décisions déjà prises et annoncées par le
gouvernement espagnol", a-t-il déclaré.
Difficile pourtant d'oublier à quel point l'Espagne, quatrième économie de la
zone euro, est actuellement en position de faiblesse face à ses partenaires:
bénéficiant d'une promesse d'aide de 100 milliards d'euros pour ses banques,
elle est sous pression pour demander un sauvetage financier plus large.
Si la tension est un peu retombée en août, c'est grâce aux paroles apaisantes
de la BCE, qui s'est dite prête à soutenir les pays les plus chahutés en zone
euro, comme l'Espagne ou l'Italie, en leur achetant des obligations.
Mais "l'effet d'annonce semble perdre de la force", notent les analystes de
la banque Inversis.
Un indice est la prime de risque, surcoût que doit payer l'Espagne pour se
financer par rapport à l'Allemagne: celle-ci est passée ces derniers jours de
moins de 500 points à quelques 550 (5,5 points de pourcentage).
Le marché attend maintenant des actes et s'il sent que les choses
n'avanceront pas, il pourrait en faire payer le prix au Trésor espagnol, qui
cherchera jeudi à lever jusqu'à 3,5 milliards d'euros en obligations à 2, 3 et 4
ans, sa première opération à long terme après un mois de trêve estivale.
Quelques heures plus tard, Mario Draghi devrait dessiner les contours de son
nouveau plan d'achat d'obligations, mais il a déjà fait savoir que la BCE
n'agirait qu'en coordination avec les fonds de secours européens, le FESF et son
successeur le MES.
La balle est donc dans le camp des Etats souhaitant bénéficier de ce soutien,
qui devront faire une demande officielle d'aide, impliquant des efforts accrus
d'assainissement des finances publiques, qui pourraient être préparés avec le
FMI.
La BCE doit elle jongler entre deux types de réticences: celles de
l'Allemagne d'abord, peu encline à signer un chèque en blanc aux pays fragilisés
de la zone euro.
Mais aussi, celles de l'Espagne elle-même, qui se hérisse dès que le mot
"sauvetage" est prononcé et ne fera sa demande que quand elle sera assurée que
ce soutien n'implique pas de mise sous tutelle de son économie, comme ce fut le
cas pour la Grèce, le Portugal et l'Irlande.
Pourtant, "avec des besoins de financement d'ici la fin de l'année de presque
80 milliards d'euros, entre les échéances de dette et le déficit public à
financer, et avec la prime de risque du pays qui est à nouveau à 550 points, la
marge de manoeuvre du gouvernement (espagnol) est faible voire nulle", estiment
les analystes de Link Securities.
Le pays attend donc beaucoup de la venue d'Angela Merkel: la chancelière "a
un défi qui est commun à tous les Européens mais elle, comme chancelière
allemande, doit en prendre les manettes", a estimé ce week-end le chef du
gouvernement Mariano Rajoy, interrogé par quatre journaux européens.
Et ce "défi est de résoudre les problèmes de l'instabilité de l'euro et
d'avancer dans l'intégration européenne". Justement, la chancelière allemande
est "prête" à jouer "un rôle moteur dans la résolution des problèmes pressants
de la zone euro", veut croire le dirigeant espagnol.
Côté allemand, le porte-parole de la chancellerie, Steffen Seibert, a indiqué
à la presse qu'il s'agissait d'une rencontre "à laquelle (l'Allemagne) accorde
beaucoup d'importance", devant permettre "d'intensifier le travail en
commun".
Après leur conférence de presse commune, les deux chefs de gouvernement
doivent participer à une conférence économique, au cours de laquelle Angela
Merkel fera un discours.
"Cette conférence peut donner une nouvelle dynamique", selon M. Seibert, qui
salue le "remarquable" programme de réformes espagnol.
afp
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