MADRID - Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a dit mercredi vouloir
étudier l'évolution des taux d'emprunt du pays avant de se décider à demander un
sauvetage financier, tandis que le ministre de l'Economie a insisté sur la
gravité de la situation économique.
Je ne connais pas encore les
conditions et je ne sais pas s'il est nécessaire que l'Espagne le demande. Nous
allons voir comment la prime de risque évolue, a déclaré M. Rajoy devant les députés à
Madrid.
L'objectif fondamental du gouvernement n'est pas la prime de
risque, ce n'est pas le sauvetage des banques, a toutefois assuré le ministre de
l'Economie Luis de Guindos, toujours devant les députés, mais c'est de parvenir
à ce que l'économie espagnole se remette à croître et à créer de
l'emploi.
Si nous n'arrivons pas, dans les prochains trimestres, à
modifier la situation que nous vivons depuis cinq ans, il sera impossible de maintenir les prestations sociales, a-t-il averti, alors que le pays a
multiplié les coupes budgétaires récemment.
L'Espagne, quatrième économie
de la zone euro, est plongée dans la récession et souffre d'un taux de chômage
record parmi les pays industrialisés (24,63%).
Le pays, qui bénéficie
depuis juin d'une promesse d'aide de la zone euro de 100 milliards d'euros pour
ses banques, est sous pression pour demander un sauvetage financier plus large,
via une action sur les marchés des fonds de secours européens et de la Banque
centrale européenne (BCE).
Il profite ces derniers jours d'une nette
détente sur les marchés, motivée en partie par les rumeurs pointant vers sa
demande prochaine d'aide.
Une détente accentuée, mercredi, après le feu
vert donné par la Cour constitutionnelle allemande à la ratification par Berlin
des mécanismes de sauvetage de la zone euro.
Levant une incertitude
majeure sur la gestion de la crise, qui touche particulièrement l'Espagne, cette
nouvelle était bien reçue à la Bourse de Madrid, qui gagnait 0,99% à 8.008,9
points à 13H36 GMT.
Après avoir atteint des sommets cet été, à plus de
7%, le taux d'emprunt des obligations espagnoles à dix ans était ainsi retombé
mercredi à 5,598%.
La prime de risque, soit le surcoût payé par l'Espagne
vis-à-vis de l'Allemagne, référence des investisseurs, pour se financer à dix
ans, était par ailleurs retombée mercredi sous la barre des 400 points de base
pour la première fois depuis avril, à 397 points (3,97 points de
pourcentage).
Cette tendance positive vient essentiellement de la prise
de position de la BCE pour l'irréversibilité de l'euro, a estimé Luis de
Guindos, qui a aussi salué la bonne nouvelle de la décision de justice
allemande.
Nous sommes tous derrière cette idée d'irréversibilité du
projet de l'euro, c'est une question très importante et j'espère que dans
l'Eurogroupe et l'Ecofin de ce vendredi à Chypre toutes ces questions seront
mises en avant, a-t-il indiqué.
L'Eurogroupe rassemble les ministres des
Finances de la zone euro, l'Ecofin ceux de tous les pays de l'Union
européenne
Alors que la BCE vient de dévoiler son nouveau programme
d'achat d'obligations pour les pays fragiles de la zone euro, Espagne en tête,
Mariano Rajoy n'a de cesse de répéter depuis lundi que le pays n'a pas encore
pris de décision sur son éventuelle participation à ce programme.
Nous
allons devoir étudier si cela est nécessaire, si cela convient à l'Espagne, nous
devons en connaître les conditions et avec tout cela en tête, nous prendrons une
décision, a-t-il déclaré mercredi.
afp
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