Milan - Le Produit intérieur brut de l'Italie va se contracter de 1,4% cette année, indique lundi l'institut italien de statistiques Istat, qui révise ainsi en nette baisse une précédente estimation, à l'heure où le nouveau gouvernement mené par Enrico Letta promet de mettre l'accent sur plus de croissance et moins d'austérité.
Dans ses précédentes prévisions de novembre, l'Istat tablait sur une contraction de -0,5% en 2013. Cette différence est due notamment à une contraction plus forte que prévu de la consommation privée, explique l'institut dans un communiqué.
Si ces nouvelles prévisions se réalisent, il s'agira de la deuxième année consécutive de forte contraction du PIB après -2,4% en 2012, selon les données d'Istat. En 2011, l'Italie avait enregistré une croissance de 0,4%.
Pour 2014, la prévision d'Istat fait état d'une croissance de 0,7% du PIB grâce à une reprise de la demande interne.
L'ancien gouvernement de Mario Monti avait pour sa part indiqué fin mars tabler pour 2013 sur un recul du PIB de 1,3% en 2013 et sur une croissance de +1,3% en 2014.
L'Istat prévoit par ailleurs un marché du travail toujours "en souffrance" avec un taux de chômage à 11,9% en 2013 et à 12,3% en 2014, contre 10,7% en 2012 et 8,4% en 2011, selon le communiqué.
En 2013, les ménages vont continuer à voir leur revenu disponible se réduire, ce qui aura "d'inévitables conséquences négatives sur la consommation par rapport à l'année précédente", relève Istat. "La phase de détérioration du pouvoir d'achat ne devrait s'arrêter qu'en 2014", ajoute-t-il.
Le remboursement prévu d'importants arriérés de dette publique à l'encontre d'entreprises italiennes, décidé récemment par le gouvernement, devrait toutefois améliorer la liquidité et favoriser la reprise des investissements privés en 2014, note Istat.
Les exportations sont attendues en hausse de 2,3% en 2013, et les importations en baisse de 1,5%. Pour 2014, les exportations devraient croître de 3,9% et les importations de 3,8%.
M. Letta a jugé lundi possible de "faire de la croissance sans s'endetter", relevant que la situation de l'Italie ces dernières années démontrait que à l'inverse "s'endetter ne veut pas dire automatiquement croître".
Un autre haut responsable, le président de l'autorité boursière Consob Giuseppe Vegas, a à son tour mis en garde les pays européens dans un discours lundi contre "une austérité sans espoir, qui peut devenir le détonateur d'une crise généralisée". "Le nécessaire assainissement des comptes publics des pays les plus endettés de la zone euro ne peut se réaliser que dans un cadre de croissance économique", a-t-il jugé.
Dans une interview dimanche à la Repubblica, le vice-ministre de l'Economie Stefano Fassina avait pour sa part jugé "absolument nécessaire" de demander à Bruxelles un délai de deux années supplémentaires pour respecter les objectifs européens de déficits publics.
"Si nous voulons sortir du drame d'une récession qui devient une dépression, nous devons demander à l'Europe un changement de route radical en matière de politique économique. L'austérité a échoué, à présent il est temps de miser sur la croissance et de marcher tous dans la même direction", a-t-il déclaré.
awp
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