Paris - Le taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne s'est envolé lundi,
jusqu'à 7,5%, soit un nouveau record, signe que les investisseurs craignent que
le pays dans son ensemble ait besoin d'être secouru.
Vers 18H00, le rendement espagnol
atteignait 7,425%, contre 7,226% vendredi en clôture, après avoir signé en
séance (7,501%) un nouveau plus haut depuis la création de la zone euro en
1999.
Du coup, le "spread", ou écart du taux à 10 ans avec l'Allemagne, a établi un
record, à 643 points de base, soit 6,43 points de pourcentage.
"C'est vraiment une situation quasi critique. Les marchés ne savent pas à
quoi se raccrocher", estime Cyril Regnat, stratégiste obligataire de
Natixis.
La situation de l'Espagne est au coeur des préoccupations des investisseurs
qui craignent que la quatrième économie de la zone euro soit dans l'obligation
de demander une aide financière globale et non plus seulement pour ses
banques.
"Les spéculations progressent sur un plan de soutien à grande échelle",
résument les économistes de Crédit Agricole CIB.
Le ministre espagnol de l'Economie, Luis de Guindos, a de nouveau écarté
lundi l'idée d'un plan de sauvetage global du pays.
Selon M. Regnat, si la situation continue à s'aggraver, le pays risque de ne
plus avoir accès au marché pour se financer, ce qui nécessiterait une aide
internationale.
Les craintes se sont accentuées avec la demande d'aide de la région de
Valence, une des plus importantes du pays.
Les investisseurs n'ont donc pas été rassurés par l'approbation vendredi des
modalités du plan de secours aux banques espagnoles, pouvant aller jusqu'à 100
milliards d'euros, mis sur pied par la zone euro.
La recapitalisation directe des banques par l'Europe ne pourra se faire en
outre qu'une fois la supervision bancaire européenne sur les rails, c'est-à-dire
pas avant plusieurs mois.
En dehors de l'Espagne, la capacité de la Grèce à respecter ses engagements
financiers est un autre facteur de crainte. Les experts de la Troïka sont
attendus à Athènes cette semaine alors que leur rapport déterminera si le pays
recevra le nouveau prêt prévu d'ici septembre.
Dans le sillage de l'Espagne, le taux long italien dépassait largement les 6%
à 6,314% contre 6,150% vendredi soir.
Désormais, les taux à 10 ans de l'Espagne et de l'Italie évoluent au-dessus
de ceux de l'Irlande, pourtant sous assistance financière internationale.
Selon les analystes, le seul espoir de court terme réside dans une
intervention de la Banque centrale européenne (BCE).
"La préservation de l'euro fait partie de notre mandat", et pour y parvenir,
"nous sommes très ouverts et n'avons pas de tabous", a affirmé Mario Draghi,
président de la BCE, dans un entretien au Monde.
Une action de la BCE "reste une possibilité dans les semaines à venir si la
situation se détériore encore", estiment les stratégistes de BNP Paribas.
Pour sa part le taux à 10 ans de l'Allemagne a résisté et était en très
faible hausse à 1,175% (contre 1,166%), après avoir reculé en début de séance
tout près de son plus bas historique atteint le 1er juin (1,125%).
De son côté, le taux de la France remontait un peu à 2,140% (contre 2,067%)
après avoir touché vendredi son plus bas niveau historique à 2,017%.
En dehors de la zone euro, le taux à 10 ans britannique baissait à 1,467%,
contre 1,483% vendredi. Il a touché en séance un plus bas historique à
1,406%.
Par ailleurs, le taux à 10 ans des Etats-Unis jouait son rôle de valeur
refuge et tombait à 1,435% (contre 1,457%), après avoir touché un plus bas
historique à 1,411%.
Le taux à 30 ans reculait à 2,513% (contre 2,545%). Le taux à 3 mois était
stable à 0,09%.
AWP
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