Lisbonne - L'objectif budgétaire du Portugal reste réalisable mais
les risques ont "nettement augmenté", a estimé mardi la Commission européenne,
soulignant toutefois que la mise en oeuvre du plan d'aide UE-FMI restait
"globalement solide".
"L'objectif d'un déficit à 4,5% du PIB en 2012 reste à portée, mais les
risques budgétaires ont nettement augmenté" en raison notamment d'une baisse des
recettes fiscales, a indiqué la Commission dans un rapport d'étape sur le
programme de rigueur et de réformes imposé au Portugal par ses créanciers en
échange d'un prêt de 78 milliards d'euros accordé en mai 2011.
"Alors que l'exécution budgétaire reste en bonne voie du côté des dépenses,
les recettes sont inférieures aux attentes" et "la hausse rapide du chômage
commence à peser sur le budget de la sécurité sociale", a-t-elle expliqué.
Pour Bruxelles, "l'application du programme reste globalement solide, mais
les risques ont augmenté au cours des derniers mois". Aux difficultés
budgétaires s'ajoutent "les tensions persistantes dans la zone euro", qui
pourraient nuire à l'économie portugaise et à la confiance des marchés par un
effet de "contagion", s'inquiète la Commission.
Avec un déficit public qui s'est creusé à 7,9% du PIB au premier trimestre
2012, le gouvernement portugais a lui-même déjà reconnu des difficultés
"considérables" pour atteindre l'objectif de 4,5% d'ici la fin de l'année, tout
en s'engageant à le respecter.
LE CHÔMAGE AUGMENTE PLUS VITE QUE PRÉVU
En 2013, le Portugal est censé ramener son déficit à 3% du PIB.
Dans ses conclusions de la quatrième mission d'évaluation au programme de
redressement portugais, la Commission note par ailleurs que "l'activité
économique a mieux résisté que dans les projections de la dernière révision,
mais le chômage a augmenté plus vite que prévu".
La récession devrait donc atteindre 3% du PIB cette année, avant une légère
relance de 0,2% en 2013, tandis que le taux de chômage devrait s'établir à 15,4%
en 2012 puis à 15,8% l'an prochain.
En outre, la dette publique du Portugal continuera de s'alourdir à 114,4% du
PIB en 2012, puis à 118,6% l'an prochain, avant d'inverser sa trajectoire à
partir de 2014.
Le satisfecit accordé à Lisbonne début juin a ouvert la voie au versement
d'une nouvelle tranche d'aide de 4 milliards d'euros, portant les fonds déjà
remis au pays à 57,1 milliards, soit "plus de 70%" du montant global prévu par
ce programme sur trois ans.
Cette aide doit permettre au Portugal de se financer jusqu'en septembre 2013,
date à laquelle est prévu son retour sur les marchés de la dette à moyen et long
terme. Cependant, nombre d'analystes doutent du réalisme de ce calendrier car le
niveau des taux d'intérêts exigés par les investisseurs pour acheter de la dette
portugaise reste prohibitif.
Ces taux, qui à la mi-juin avoisinaient les 9,5% pour les emprunts à 10 ans,
"indiquent toujours que les marchés doivent être convaincus de la capacité du
Portugal à y accéder de nouveau", reconnaît mardi la Commission.
AWP
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