Milan - La croissance est restée atone en Italie au premier trimestre, entraînant un creusement de l'écart avec l'Allemagne et la France, une mauvaise surprise pour les économistes qui misaient sur un rebond de la troisième économie de la zone euro.
Le Produit Intérieur Brut (PIB) italien a très légèrement progressé de 0,1% au premier trimestre par rapport au trimestre précédent, selon une première estimation publiée vendredi par l'institut de statistiques Istat.
Cette croissance est similaire à celle enregistrée au quatrième trimestre, période qui avait marqué un ralentissement de l'activité dans la péninsule.
En glissement annuel, le PIB italien a progressé de 1%.
Les économistes misaient pourtant sur un rebond de la croissance à 0,3%, selon un consensus établi par Dow Jones Newswires.
Economiste de la banque UniCredit, Chiara Corsa ne s'attendait pas à un écart "aussi marqué" avec l'Allemagne et la France qui ont démarré l'année en fanfare avec une croissance respective de 1,5% et de 1%.
"La consommation continue d'être le maillon faible" en Italie, explique-t-elle à l'AFP, "car il n'y a pas encore eu de véritable reprise de l'emploi" et les Italiens restent donc très prudents.
La reprise de l'économie italienne a en effet été jusqu'à présent tirée par la demande étrangère. Mais "la contribution provenant des exportations commençant à diminuer, l'économie lutte pour accélérer le rythme de sa reprise", souligne Raj Badiani d'IHS Global Insight dans une note.
En raison de ces facteurs, la production industrielle, pilier habituel de la croissance en Italie, a reculé de 0,1% sur le trimestre, selon des données publiées mardi par l'Istat.
Chiara Corsa estime en outre que les investissements dans la construction devraient avoir moins rebondi que prévu, ce qui a également pénalisé la croissance.
L'Istat, qui ne donnera des détails chiffrés que lors de la publication de son estimation définitive le 10 juin, souligne seulement que la valeur ajoutée de l'agriculture a augmenté sur le trimestre tandis que l'industrie et les services ont connu une "substantielle stabilité".
Après ce début d'année décevant, les économistes s'attendent, à l'exemple de Raj Badiani, à des "perspectives économiques pour 2011 modestes, au mieux".
Le gouvernement de Silvio Berlusconi a revu en baisse mi-avril sa prévision de croissance pour 2011 à 1,1%. En 2010, la croissance s'est élevée à 1,3%.
"Il serait judicieux de ne pas tabler sur une expansion plus rapide que la croissance médiocre observée dans les dix ans qui ont précédé la crise", a averti de son côté l'OCDE lundi.
Face à cette croissance atone, l'OCDE, mais aussi le FMI, ont appelé Rome à adopter des mesures structurelles audacieuses.
La semaine dernière, le gouvernement a annoncé de premières mesures, dont un crédit d'impôt pour financer la recherche scientifique ou pour embaucher dans le sud défavorisé, un raccourcissement des délais de construction des infrastructures et une simplification des démarches administratives.
Mais selon Chiara Corsa, ce plan "ne contient pas de mesure suffisamment forte pour laisser penser que la croissance s'améliorera à court terme. Il y a encore beaucoup de chemin à faire".
tt
AWP
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