Berlin - L'inflation a affiché son plus bas niveau en quatre ans en Allemagne au mois de mai, selon un chiffre provisoire publié lundi qui n'augure rien de bon pour la zone euro et renforce encore la pression sur la BCE.
Les prix ont augmenté de 0,9% sur un an, selon ce chiffre publié par l'Office fédéral des statistiques, Destatis, affichant "une baisse inquiétante" par rapport au 1,3% d'avril, selon les analystes de Natixis, et déjouant les attentes. Les économistes attendaient au moins 1%, la plupart d'entre eux même 1,2%.
Il faut remonter à juin 2010 pour trouver un taux d'inflation aussi bas, et à février 2010 pour un taux inférieur à celui publié lundi.
L'inflation a atteint 0,6% seulement en Bavière (sud), 0,7% en Hesse (ouest), au Bade-Wurtemberg (sud) ou encore dans le Brandebourg (est), selon les données publiées par certains Etats régionaux.
C'est sur la base des chiffres fournis par six des 16 Länder allemands que l'Office fédéral compile le chiffre de l'inflation provisoire. Le chiffre définitif sera annoncé le 13 juin.
Les chiffres régionaux montrent que le recul de l'inflation doit beaucoup à la baisse des prix de l'alimentaire, et notamment des fruits et légumes - ces derniers étaient 10% moins chers que l'an dernier en mai en Rhénanie du Nord-Westphalie, par exemple. L'hiver long et froid puis de fortes pluies et des inondations au printemps avaient renchéri l'an dernier le prix des primeurs.
Cet effet "ne devrait pas s'atténuer" le mois prochain, prédit Christian Schulz, de la banque Berenberg.
Le décalage des dates de Pâques - en mars en 2013, en avril cette année - a aussi joué un rôle en mai. Il a conduit à une baisse abrupte en mai des prix de l'hôtellerie et des voyages. Cet effet-là devrait pour sa part disparaÎtre dans les mois à venir, prédit Johannes Werner, de Commerzbank.
Le chiffre de l'inflation de mai pour toute la zone euro est attendu mardi, et l'Allemagne, première économie de la région, pèse pour beaucoup dedans. Le chiffre inférieur aux attentes en Allemagne laisse présager une inflation encore plus basse que le 0,7% pronostiqué. Selon Commerzbank, elle pourrait tomber à 0,5%.
Un chiffre à même de "balayer les dernières réticences de la BCE contre de nouvelles mesures de politique monétaire", pronostique M. Schulz.
"La nette décrue de l'inflation allemande va faire augmenter la pression sur la BCE", opine Jennifer McKeown, économiste de Capital Economics.
La Banque centrale européenne a indiqué qu'elle ne laisserait pas s'installer une inflation trop basse sur une longue période. Le conseil des gouverneurs se réunit jeudi et devrait décider d'une nouvelle baisse des taux directeurs, et sans doute aussi d'autres mesures.
awp
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