Paris - Le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a continué d'augmenter en juillet pour atteindre un nouveau record de 3,28 millions de personnes en métropole, mais à un rythme moindre qu'en début d'année.
Avec 6300 personnes de plus, il s'agit du 27e mois consécutif de hausse (+0,2% sur un mois, +10% sur un an) dans cette catégorie la plus regardée.
Dans un communiqué, le ministère du Travail relève que "la tendance à l'amélioration sur le front du chômage se confirme au mois de juillet" et qualifie la progression du mois dernier de "modérée".
De mai à juillet, "la moyenne mensuelle est de +7100" en catégorie A, sans activité, "à comparer avec une progression mensuelle moyenne de +31'700 pour les 3 mois précédents", souligne-t-il.
Le ministère se réjouit en particulier de la baisse des inscrits de moins de 25 ans, pour le troisième mois consécutif (-0,8% sur un mois, +6,9% sur un an).
"L'inversion de la courbe du chômage des jeunes est d'ores et déjà engagée", estime-t-il. Depuis quelques semaines, le président et ses ministres ont multiplié les déclarations de confiance sur l'inversion de la courbe promise avant la fin d'année par François Hollande.
En juillet en revanche, le nombre des plus de 50 ans grimpe toujours (+0,6% sur un mois, +15,1% sur un an).
Autre point noir, la forte hausse du nombre d'inscrits cumulant allocation et activité réduite (catégories B et C): avec eux, le nombre de chômeurs croît de 52'200 (+1,1% sur un mois, +9% sur un an), à 4,851 millions, malgré une hausse de 10% des radiations des listes.
Outre-mer compris, il s'élève à 5,14 millions.
50'000 EMPLOIS D'AVENIR SIGNÉS
Il s'agit d'un "ressaut important" après deux mois de stabilisation, concède le ministère, le signe d'une "montée des contrats précaires qui entraîne la bascule des chômeurs de la catégorie A vers ces autres catégories", selon l'économiste Eric Heyer, de l'OFCE.
Parler de palier serait, selon l'économiste, exagéré: "effectivement, le nombre de chômeurs augmente moins vite depuis trois mois, mais ça continue de se dégrader".
Pour l'heure, et malgré le rebond inattendu de l'activité de +0,5% au deuxième trimestre, la reprise économique ne sera pas suffisante pour créer des emplois dans le secteur privé, "seule façon d'inverser la courbe", selon M. Heyer.
Au deuxième trimestre, 27'800 postes y ont encore été détruits, selon l'Insee qui prévoit une augmentation du chômage à 10,7% fin 2013 en métropole (contre 10,4% actuellement).
A court terme, le gouvernement compte donc essentiellement sur la montée en charge des emplois aidés pour tenir sa promesse. Ceux-ci pourront "au mieux permettre d'atteindre une stabilisation" du chômage, croit M. Heyer. Mais sans créations d'emplois privés, elle ne sera que "ponctuelle", le temps du "chéquier d'emplois aidés".
Parmi ces emplois en partie financés par l'Etat, figurent les emplois d'avenir destinés aux jeunes peu ou pas qualifiés, principalement dans le secteur non-marchand.
La barre des 50'000 (sur un objectif de 100'000 fin 2013) a été franchie cette semaine. Rien qu'en juillet, près de 11'000 ont été signés.
Ces contrats s'ajoutent aux emplois aidés classiques. Ceux-ci concernaient fin juin plus de 246'000 personnes. Leur durée a été allongée et pour 2013, le gouvernement prévoit d'en financer au total 440'000 dans le non-marchand et 50'000 dans le privé.
Par ailleurs, le plan de formations prioritaires de chômeurs pour pourvoir 30.000 emplois vacants d'ici à décembre est lancé.
Le gouvernement espère que sa loi sur l'emploi, votée en juin, permettra aussi de limiter des licenciements.
Le président parviendra-t-il à tenir son pari? Dans les semaines et mois à venir, l'observation des chiffres va devenir "déterminante", reconnait-on au ministère du Travail.
Pour jauger la promesse présidentielle et parer aux soupçons de manipulation statistique, le gouvernement promet de prendre en compte tous les indicateurs (inscrits à Pôle emploi, taux de chômage calculé par l'Insee).
Le prochain chiffre scruté par le gouvernement, comme par l'opposition, sera celui du taux de chômage du deuxième trimestre que l'Insee publiera le 5 septembre.
awp
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