Paris - Paris et Berlin ont donné mardi le coup d'envoi d'une "offensive" franco-allemande pour l'emploi des jeunes en Europe qui doit être parachevée début juillet à Berlin, François Hollande affirmant agir main dans la main avec Angela Merkel attendue jeudi à Paris.
"Nous devons agir en urgence, six millions de jeunes (les 15-24 ans) sont au chômage en Europe" et "près de 14 millions sont sans travail, ne suivent pas d'études ou ne sont pas apprentissage", a fait valoir le président français lors d'un colloque sur l'avenir de l'Europe à Paris.
"L'offensive pour l'emploi des jeunes part aujourd'hui", a-t-il lancé, assurant être "d'accord avec la chancelière Angela Merkel pour parvenir à un véritable plan pour l'emploi des jeunes dès cette année".
Les ministres français et allemands du Travail Michel Sapin et Ursula von der Leyen ont tracé les grandes lignes de ce plan franco-allemand baptisé "Initiative européenne pour la croissance et pour l'emploi".
Il reposera sur trois leviers --l'accès au crédit pour les PME, le développement de l'alternance et la mobilité géographique-- et tentera d'optimiser l'utilisation des fonds européens existants.
"Ce sont dans les PME et les PMI que se créent le plus d'emplois pour les jeunes, c'est elles qu'il faut soutenir", a fait valoir Michel Sapin.
"Beaucoup de PME, qui sont l'épine dorsale de nos économies, sont prêtes à produire mais ont besoin de capital. Or elles n'y ont accès qu'à un taux exorbitant. Ce cercle vicieux, nous entendons le briser, notamment grâce à la Banque européenne d'investissement", a renchéri Ursula von der Leyen.
"Le deuxième levier, c'est l'alternance: nous avons un retard considérable sur l'Allemagne, c'est sûrement aussi pour ça que la chômage y est bien plus faible", a poursuivi M. Sapin, ajoutant que le "troisième levier est la mobilité, sur le territoire national et en Europe".
L'idée est de garantir en Europe qu'aucun jeune ne reste pendant plus de quatre à six mois sans emploi, formation ou stage.
UN ERASMUS POUR LES APPRENTIS
Il ne faut cependant pas "faire des promesses aux jeunes à court terme qu'on ne tiendra pas à long terme", a averti de son côté le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, insistant sur la nécessité de privilégier les réformes structurelles destinées à améliorer la compétitivité des économies.
Ce dossier qui marque la reprise du dialogue franco-allemand, sera au coeur de la visite de travail d'Angela Merkel jeudi à Paris. Il constituera aussi l'un des plats de résistance du sommet européen des 27 et 28 juin. Le plan sera parachevé le 3 juillet à Berlin par une réunion des ministres du Travail des Vingt-Sept présidée par Angela Merkel, en présence de François Hollande.
"C'est là que nous aurons aussi à donner une nouvelle ampleur à ce plan pour l'emploi des jeunes" afin d'éviter une "rupture" générationnelle avec une jeunesse durement frappée par la crise et le chômage, a souligné M. Hollande qui doit aussi en discuter avec l'Espagnol Mariano Rajoy mardi soir à l'Elysée.
Si l'Allemagne ne compte "que" 8% de chômeurs parmi ses jeunes de 15 à 24 ans présents dans la population active, le taux le plus bas dans l'Union européenne, la France en compte plus de 25% tandis qu'ils sont plus de 38% en Italie et au Portugal et même plus de 55% en Grèce et en Espagne.
Six milliards d'euros sont prévus en faveur de l'emploi des jeunes dans le projet de budget européen 2014-2020 que le Parlement européen doit encore adopter. François Hollande souhaite que ces fonds puissent être mobilisés "très vite".
Le président français a repris aussi l'idée d'un "Erasmus de l'alternance" comme il en existe pour les étudiants. "Là encore, les fonds existent, mobilisons-les", a-t-il poursuivi.
awp
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