Francfort - La confiance des entrepreneurs allemands a continué de
s'effriter en août pour le quatrième mois d'affilée, devant la crainte d'une
détérioration de la conjoncture mondiale préjudiciable pour l'économie allemande
dans les 6 mois à venir.
L'indice Ifo publié lundi a reculé plus que prévu, à 102,3 points en août,
cédant un point par rapport à juillet. Il est à son plus bas niveau depuis le
printemps 2010.
Le baromètre Ifo a deux composantes: l'appréciation de la situation actuelle
et celui des attentes des entrepreneurs pour les 6 mois à venir. En août, ces
indices sous-jacents ont tous deux reculé, notamment celui des perspectives à 6
mois (-1,3 point).
Affichant un niveau de 94,2 points, cet indice sous-jacent se retrouve à son
plus bas niveau depuis juin 2009.
"Les entreprises sont de plus en plus pessimistes concernant l'évolution de
leur activité" et la "conjoncture allemande continue de s'affaiblir", a commenté
le président de l'institut Ifo, Hans-Werner Sinn, cité dans un communiqué.
M. Sinn a toutefois relevé que le déclin du baromètre en août était moins
brutal qu'en juillet, où l'indice avait perdu 2 points d'un coup.
Et l'Ifo se maintient encore au dessus de sa moyenne de long terme, qui est
de 100,9 points, et très loin de son plus bas niveau historique de décembre 2008
où il avait affiché 84,7 points, a aussi précisé l'économiste Timo Klein d'IHS
Global Insight.
La baisse d'août "renforce l'impression que l'économie allemande pourrait
subir une contraction au troisième trimestre, mais son ampleur sera beaucoup
plus limitée que dans la plupart des pays de la zone euro ou après
l'effondrement de Lehman Brothers fin 2008", a ajouté M. Klein.
Le Produit intérieur brut (PIB) allemand a grimpé de 0,3% au deuxième
trimestre par rapport au premier, où il avait augmenté de 0,5%.
La majorité des économistes pensent que l'économie allemande va continuer de
ralentir au second semestre car la récession dans les pays du Sud de l'Europe
devrait de plus en plus se faire sentir, tout comme le ralentissement de la
conjoncture en Chine, l'un des principaux marchés d'exportation de
l'Allemagne.
Les attentes des entrepreneurs allemands concernant leurs exportations sont
ainsi légèrement tombées en août en territoire négatif "pour la première fois
depuis près de trois ans", a précisé le communiqué de l'institut Ifo.
Tout ces mauvais signes "prouvent que l'Allemagne n'est pas immunisée de la
dégradation de l'économie européenne et au-delà", a résumé Dominique Barbet de
BNP Paribas.
Et cela pourrait donner surtout des arguments à la chancelière allemande
Angela Merkel et au président de la Banque centrale européenne Mario Draghi
"pour convaincre les Allemands que plus d'efforts sont nécessaires pour soutenir
la zone euro et que c'est dans l'intérêt de l'Allemagne", selon
l'économiste.
La Banque centrale allemande, la Bundesbank, ne rate ainsi jamais une
occasion de critiquer l'option de rachats d'obligations publiques par la BCE,
assimilable à un "financement des Etats par la planche à billets" selon les mots
de son président Jens Weidmann dans un entretien au magazine Spiegel paru
lundi.
awp
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