Madrid - L'Espagne, qui a entamé cette semaine un ballet
diplomatique, s'est encore rapprochée mardi d'une probable demande de sauvetage
financier auprès de l'Europe, avec l'appel à l'aide de plusieurs milliards
d'euros de la Catalogne.
Premier à se rendre à Madrid, le président de l'Union européenne Herman Van
Rompuy s'est voulu encourageant: "le gouvernement de (Mariano) Rajoy est lancé
dans un programme d'ajustement très important, courageux et ambitieux" et "tous
les Etats membres européens reconnaissent l'ampleur de l'effort de réformes
budgétaires et structurelles déjà entrepris".
Des paroles de bon augure avant la venue jeudi du président français François
Hollande, auquel emboîtera le pas la chancelière allemande Angela Merkel le 6
septembre.
Et malgré l'impatience des marchés, l'Espagne a réussi mardi matin à lever
3,607 milliards d'euros à trois et six mois avec des taux d'intérêt en
chute.
Ce pays a profité des propos apaisants de la Banque centrale européenne
(BCE), prête à acheter des obligations à courte échéance, un effet également
ressenti par l'Italie, qui a pu emprunter 3,75 milliards à des taux en forte
baisse sur les échéances 2014 et 2016.
ARDOISE DE 40 MRD EUR À FIN MARS
Mais le soulagement a été de courte durée, car, quelques heures plus tard, le
gouvernement de la Catalogne mettait sur la table un chiffre encore plus élevé:
5,023 milliards, la somme qu'il va demander à l'Etat central, souffrant comme de
nombreuses régions de difficultés pour se financer.
Croulant sous une ardoise de plus de 40 milliards d'euros fin mars, la
Catalogne, qui a dû suspendre en juillet le versement des prestations sociales,
est incapable d'affronter seule l'échéance de 5,75 milliards de dettes qui
l'attend au second semestre.
"Le gouvernement (régional) a décidé de demander à participer au fonds" de 18
milliards d'euros créé en juillet par Madrid pour aider les régions, a expliqué
à la presse son porte-parole, Francesc Homs.
"Nous aiderons la Catalogne comme nous aiderons les autres régions", a
répliqué Mariano Rajoy en conférence de presse, car "les régions, ce sont aussi
l'Espagne, donc le gouvernement espagnol ne les laisse pas tomber".
RÉCESSION DU PAYS ACCENTUÉE AU T2
Les économistes s'attendent à d'autres demandes dans la foulée, la situation
financière des régions, auxquelles incombent en Espagne les lourds budgets de la
santé et de l'éducation, étant très fragile depuis l'éclatement de la bulle
immobilière en 2008.
Le pays lui-même ne semble pas en meilleure forme: les chiffres publiés mardi
ont confirmé que l'Espagne s'était enfoncée un peu plus dans la récession au
deuxième trimestre, avec un recul du PIB de 0,4%.
La récession devrait durer au moins deux ans, le gouvernement tablant sur une
chute du PIB de 1,5% en 2012, puis de 0,5% en 2013.
Le 6 septembre, l'Espagne reprendra, après la pause estivale, son programme
d'émissions obligataires à long terme, qui ne devraient, elles, pas profiter de
l'effet positif des propos de la BCE et seront donc le vrai test de la confiance
des investisseurs envers la quatrième économie de la zone euro.
Dans la ligne de mire du marché: le goulet d'étranglement que peut constituer
le mois d'octobre, quand Madrid fera face à des échéances de dettes
particulièrement élevées (plus de 30 milliards d'euros).
La zone euro espère bien régler la question espagnole au plus vite car elle
est déjà confrontée aux problèmes de la Grèce, qui souhaite un délai pour
atteindre ses objectifs budgétaires, et du Portugal, qui pourrait saisir
l'occasion de la visite, entamée mardi, de ses créanciers, pour négocier un
allègement de son programme dans ce domaine.
LIGNE DE CRÉDIT POUR LES BANQUES
Un Eurogroupe (réunion des ministres des Finances de la zone euro) informel
aura lieu le 14 septembre à Chypre, peut-être une bonne occasion pour Madrid de
formuler sa demande.
L'Espagne a déjà décroché en juin la promesse par la zone euro d'une ligne de
crédit de 100 milliards d'euros pour ses banques. La BCE s'est dite prête à lui
venir en aide pour un sauvetage plus large, en commun avec les fonds de secours
européen (FESF et MES), mais attend d'abord que ce pays fasse sa demande, qui
sera assortie de strictes conditions.
Sur ce dernier point, M. Rajoy a réaffirmé qu'"il n'y a aucune négociation
parce que le gouvernement n'a fait aucune demande en ce sens".
awp
afp
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