Tokyo - La croissance du Japon a ralenti à 0,3% au deuxième
trimestre, à cause d'une quasi stagnation de la consommation et d'une
conjoncture internationale difficile, laissant craindre une contraction de
l'activité avant la fin de l'année.
Entre avril et juin, le produit intérieur brut (PIB) de la troisième
puissance économique mondiale a poursuivi le rebond engagé dans les mois qui ont
suivi le séisme, le tsunami et l'accident nucléaire de mars 2011 dans le Tohoku
(nord-est). Mais le rythme de sa progression a notablement freiné, après le bond
de 1,3% apprécié au premier trimestre par rapport au précédent.
La consommation des ménages, qui représente quelque 60% du PIB, avait alors
été portée par un programme de subventions gouvernementales à l'achat de
voitures peu gourmandes en énergie, plébiscité par les clients.
Dans la région du Tohoku (région de la centrale de Fukushima) et au-delà,
l'économie avait été dopée par le déblocage progressif de budgets de
reconstruction de plus de 200 milliards d'euros votés entre avril 2011 et mars
2012.
Ces soutiens publics ont été poursuivis au deuxième trimestre mais ils n'ont
que maintenu l'activité à niveau, sans la dynamiser outre mesure cette fois.
La consommation des particuliers n'a augmenté que marginalement (0,1% par
rapport au premier trimestre). Si les clients ont continué d'acheter beaucoup
d'automobiles, ils ont moins dépensé en équipement électronique (notamment en
télévisions), dont la fabrication constitue un autre pilier de l'industrie
nippone.
La demande publique a crû un peu plus vite (0,6%) mais beaucoup moins fort
qu'en début d'année.
Rare bonne surprise des statistiques publiées lundi par le gouvernement,
l'investissement des entreprises privées, hors immobilier, a rebondi de 1,5%
entre avril et juin, après avoir reculé dans les mêmes proportions entre janvier
et mars, et l'industrie du bâtiment a aussi bénéficié d'un surcroît de
dépenses.
Mais les exportations ont progressé faiblement d'un trimestre sur l'autre
(1,2%), moins vite en tous cas que les importations (1,6%), ce qui a limité
l'ampleur d'ensemble de la croissance.
Au deuxième trimestre, la conjoncture internationale s'est assombrie à mesure
que s'aggravait la crise d'endettement européen. Le tour de vis budgétaire des
gouvernements de la zone euro a aggravé la récession ou fortement réduit la
croissance sur le vieux continent, limitant les débouchés pour les fabricants
nippons.
Le marasme s'est étendu aux Etats-Unis et surtout à la Chine, dont la forte
croissance a ralenti faute de commandes, ce qui a rejailli sur les exportateurs
japonais déjà handicapés par une flambée historique du yen.
Les importations de l'archipel ont ralenti elles aussi, mais de façon moins
nette, soutenues par des achats massifs d'hydrocarbures par les compagnies
d'électricité cherchant à compenser l'arrêt quasi total de leurs centrales
nucléaires.
L'essentiel des 50 réacteurs du Japon étaient arrêtés entre avril et juin,
voire la totalité en fin de période, en raison des nouvelles mesures de sécurité
exigées par les autorités depuis Fukushima.
Au vu des statistiques des deux premiers trimestres, l'archipel devrait de
nouveau enregistrer une progression de son PIB sur l'ensemble de l'année, après
la baisse de 0,8% subie en 2011.
"Plusieurs facteurs négatifs vont toutefois peser à l'avenir, comme l'arrêt
prochains des subventions gouvernementales aux voitures et le ralentissement
chinois", a prévenu Hideki Matsumura, économiste à l'Institut de recherche du
Japon.
Comme bon nombre de ses confrères, il prévoit une contraction de l'activité d'ici
à la fin de l'année. Non seulement la conjoncture internationale pourrait ne pas
s'améliorer mais l'état préoccupant des finances de l'Etat nippon risque de
limiter le recours à de nouveaux soutiens publics.
awp
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