Washington- La croissance économique aux Etats-Unis a continué à
ralentir au deuxième trimestre, à un rythme certes moins rapide que prévu mais
dans un contexte d'incertitude qui inquiète les analystes.
Entre avril et juin, le produit intérieur brut (PIB) américain a augmenté de
1,5% en rythme annualisé par rapport au trimestre précédent où il avait gagné
2,0%, a indiqué vendredi le département du Commerce.
Sujette à des révisions futures, cette première estimation dépasse les
prévisions des économistes, qui tablaient sur une hausse du PIB de 1,2%, mais
elle fait apparaître la pente descendante sur laquelle la première économie du
monde est engagée.
Au dernier trimestre de 2011, le volume de richesse produite sur le sol
américain avait ainsi bondi de 4,1%, selon le chiffre révisé à la hausse publié
vendredi, et sa progression n'a, depuis, cessé de ralentir.
En pleine campagne présidentielle, cet indicateur a aussitôt donné lieu à des
interprétations radicalement différentes dans les deux camps qui se disputent la
Maison Blanche.
"Ce PIB faible est une mauvaise nouvelle supplémentaire pour les familles
américaines en difficulté", a estimé le républicain Reince Priebus.
"L'économie continue à avancer dans la bonne direction", a au contraire
estimé Alan Krueger, conseiller économique du président démocrate Barack Obama,
ajoutant toutefois qu'un supplément de croissance était "nécessaire".
"Il y a peu de choses dans ce rapport qui donnent beaucoup d'espoir sur une
substantielle accélération de la croissance", juge toutefois Dean Baker, du
Centre de recherche politique et économique à Washington.
Prédisant un "élan" au troisième trimestre, Harm Bandholz, d'UniCredit, est
moins pessimiste mais il s'inquiète de la "forte incertitude" autour de
l'économie mondiale et du redouté "mur fiscal" aux Etats-Unis: l'expiration,
prévue fin 2012, de réductions d'impôts conjuguée à des baisses automatiques de
dépenses publiques.
Le tableau de l'économie américaine qui se dessine au deuxième trimestre
incite à tout le moins à la prudence.
Malgré un taux de chômage persistant (+8,2%), la consommation des ménages,
notamment des services, a relativement bien résisté, grappillant 1,5% d'avril à
juin, et a permis à elle seule d'assurer 70% de la hausse du PIB.
Mais elle ralentit toutefois notamment par rapport au trimestre précédent, où
elle avait gagné 2,4%, au moment même où la progression du revenu disponible des
ménages se tasse légèrement.
La véritable bonne surprise vient des exportations qui bondissent de 5,3% sur
le trimestre, contre une hausse de 4,4% sur les trois précédents mois.
Sur le front des mauvaises nouvelles, le ministère du Commerce souligne la
"contribution négative" à la croissance des dépenses publiques, qui ont reculé
de 1,4% entre avril et juin, pour le huitième trimestre consécutif.
Un point semble faire consensus auprès des analystes: après cet indicateur un
brin moins mauvais qu'attendu, la Banque centrale américaine (Fed) qui fixera
mercredi les grands axes de sa politique monétaire devrait encore patienter
avant de prendre de nouvelles mesures de relance.
Cet indicateur "a peu de chances de radicalement changer l'état d'esprit des
dirigeants", pronostique Peter Newland, de Barclays Economics Research.
"Il semble que le verdict (sur de nouvelles mesures de la Fed, ndlr) devra
encore attendre", confirme Chris Low, de FTN Financial.
AWP
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