Helsinki - Les gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), réunis jeudi à Helsinki, ont décidé de maintenir son taux directeur à 1,25%, mais les économistes s'attendent à sa hausse très prochaine en raison de la persistance d'une inflation élevée dans la zone euro.
Lors de sa précédente réunion sur les taux, le 7 avril, le conseil des gouverneurs de la BCE avait décidé de l'augmenter de 25 points de base après l'avoir laissé figé pendant près de deux ans au niveau de 1%, crise oblige.
"La question de l'inflation devrait être l'un des principaux thèmes" de la conférence de presse de son président Jean-Claude Trichet, prévue après l'annonce des taux, estiment Camille de Williencourt et Cédric Thellier, de Natixis.
"M. Trichet devrait souligner que les risques pour la stabilité des prix sont en hausse et que les prévisions de la BCE pour 2011 --de 2,3% actuellement-- devraient être révisées à la hausse en juin", poursuivent-ils.
En avril, l'inflation en zone euro a atteint 2,8%, son plus haut niveau depuis 30 mois. C'est aussi le cinquième mois consécutif où la hausse des prix a dépassé l'objectif de moyen terme de la BCE qui est de la maintenir sous le seuil de 2%.
Si elle est essentiellement attribuée aux prix de l'énergie et des matières premières, M. Trichet craint qu'elle n'entraîne des effets de second tour, c'est-à-dire une propagation aux salaires et aux biens manufacturés. Il admet que cet effet pas encore eu lieu jusqu'ici mais veut l'éviter en resserrant sa politique monétaire.
En outre, les responsables de la BCE considèrent qu'après plusieurs années d'un loyer de l'argent peu cher pour aider la zone euro à surmonter la crise, il est temps de revenir à plus d'orthodoxie. Et ce même si la reprise est inégale selon les pays de la région et que la crise de la dette vient de pousser le Portugal, après la Grèce et l'Irlande, à faire appel à l'aide extérieure.
"Nous n'avons d'autre choix que de regarder la zone euro comme un ensemble", a récemment déclaré son chef économiste Jürgen Stark, qui juge qu'un taux à 1,25%, reste "historiquement très bas".
Pour les économistes, qui tablent sur deux à trois autres hausses d'ici la fin de l'année, de 25 points de base chacune, la question est davantage de savoir quand et non si la prochaine interviendra. Selon eux, ce sera en juillet voire dès juin.
"Tout bien considéré, nous pensons qu'une hausse en juin, en préparant les marchés en mai, ferait le plus sens", jugent les économistes de Commerzbank, tandis que ceux de Natixis estiment que la crise de la dette et les risques d'un ralentissement de la croissance pourraient faire patienter l'institution monétaire de Francfort jusqu'en juillet.
Analystes et marchés attendent par ailleurs des réponses de M. Trichet sur le calendrier de retrait des mesures de prêts très généreux --à montant illimité et taux fixe-- que la BCE accorde aux banques de la zone depuis la crise, et avec lesquelles "elle reste mal à l'aise", notent les économistes de Capital Economics.
"Mais avec des banques des pays périphériques (pays en difficulté, ndlr) encore très dépendantes de ce financement de la BCE, elle devra agir prudemment", poursuivent-ils.
M. Trichet devrait aussi être interrogé sur le programme de la BCE de rachat d'obligations publiques sur le marché secondaire, qu'elle n'a pas activé depuis plus d'un mois, confirmant sa répugnance à s'acquitter de cette tâche.
La question de sa succession, maintenant que la France a apporté son soutien au candidat italien, le président de la Banque centrale italienne Mario Draghi, sera aussi évoquée.
Le Français, dont le mandat de huit ans arrive à échéance le 31 octobre, s'est toujours refusé à s'exprimer à ce sujet jusqu'ici.
rp
AWP
La BCE est prise entre le marteau et l'enclume. DUR DUR!
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