Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu jeudi, comme prévu, son taux directeur à 0,5%, et la suspension de son programme de rachats d'actifs dont le montant (200 mrd GBP, 233 mrd EUR) a été épuisé en janvier 2010, à l'issue de sa réunion mensuelle de politique monétaire.
Comme à son habitude, la banque centrale britannique n'a fait aucun commentaire immédiat sur cette décision, ce qui conduira les observateurs à scruter avec attention la publication des minutes de cette réunion, prévue le 23 mars.
Depuis deux ans, le taux d'intérêt directeur de la banque centrale britannique est figé au niveau historiquement bas de 0,5%, une mesure adoptée en mars 2009, en même temps que le lancement d'un programme de rachats d'actifs, afin d'aider une économie britannique alors en profonde récession.
"Pas de surprise de la part de la Banque d'Angleterre", observait Hetal Mehta, économiste chez Daiwa Capital Markets. Les statistiques déjà disponibles sur la santé de l'économie au premier trimestre 2011 "n'ont pas suffi à faire basculer deux membres de plus (pour atteindre la majorité des votes, ndlr) en faveur d'une hausse" du taux d'intérêt de l'institution, estimait Mme Mehta.
Mais les divergences pourraient s'être accrues au sein du Comité de politique monétaire (CPM) de l'institution, qui se livre depuis mi-2010 à un numéro d'équilibriste : elle doit jongler entre une inflation toujours plus élevée et un regain d'inquiétudes sur la pérennité de la reprise économique au Royaume-Uni.
En février, un membre, sur les neuf que compte le CPM, avait opté pour une extension du programme de rachats d'actifs, tandis qu'une troisième voix avait rejoint le camp des partisans d'une hausse du taux directeur. Cette option d'un durcissement monétaire, plébiscitée par de nombreux observateurs, pourrait avoir encore gagné du terrain en mars.
En effet, Charles Bean, un des cinq membres du CPM à favoriser le statu quo, a estimé la semaine dernière que l'inflation pourrait rester élevée plus longtemps qu'il ne le pensait auparavant.
De nombreux économistes s'attendent à ce que l'institution, critiquée pour son immobilisme face à l'envolée des prix, commence à graduellement resserrer sa politique monétaire cet été, voire dès le mois de mai, car elle aura à sa disposition son nouveau rapport trimestriel sur les perspectives de l'inflation et de l'économie britannique.
L'inflation a atteint 4% sur un an en janvier au Royaume-Uni, un record depuis novembre 2008, et le double de la cible de 2% sous laquelle la BoE est censée la contenir.
Et la banque centrale britannique a estimé, dans son dernier rapport trimestriel publié en février, que l'inflation devrait rester une bonne partie de cette année entre 4 et 5%.
Philip Shaw, économiste chez Investec, prévenait que la banque centrale britannique ne devrait pas prendre de risque tant que demeurent "des incertitudes (sur la vigueur de la reprise), du fait de ventes de détail ternes et de la croissance toujours faible du secteur des services", de loin le principal moteur de la croissance britannique.
rp
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