Paris - Le climat des affaires en France a continué de se dégrader en avril, comme l'atteste le niveau très bas de plusieurs indicateurs, dont le moral des industriels, ce qui constitue un mauvais signal pour la reprise économique espérée par le gouvernement.
Selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l'indicateur du climat des affaires en France, calculé à partir d'une enquête auprès de chefs d'entreprise des principaux secteurs d'activité, est en recul en avril, à 84 points contre 86 points en mars.
Le moral des industriels s'est encore détérioré, à 88 points, contre 91 en mars, bien en deçà de sa moyenne de longue période (100 points) calculée depuis 1976, a précisé mardi l'Insee dans un communiqué.
L'opinion des industriels sur l'activité dans son ensemble se détériore par rapport à mars et atteint "un niveau très bas", à -49 points, en baisse de 4 points par rapport à mars et alors qu'elle était encore de -33 en janvier.
"Les détails de l'enquête dans l'industrie sont tous mauvais, éclipsant le caractère encourageant des deux mois précédents", commente Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas, dans une note.
"La seule consolation vient de ce que le jugement sur les perspectives personnelles de production et les carnets de commandes étrangers (-3) se dégrade un peu moins que celui de la production passée (-7)", ajoute-t-elle.
Pour autant, précise l'économiste, dans cette nouvelle vague de pessimisme quant au retour de la croissance, un autre indicateur relativise les résultats de l'Insee.
L'indice PMI "flash" composite de l'activité globale du secteur privé en France montre que la contraction du secteur a ralenti en avril, atteignant 44,2 points, soit son plus haut niveau depuis le début de l'année. Pour la seule industrie, l'indice grimpe de 44,0 points à 44,4 points, explique la société Markit qui publie cet indice.
Les marchés ont salué cette relative bonne nouvelle, le CAC 40 rebondissant juste après la publication de cet indicateur, jugé fiable par les analystes.
MOROSITÉ PERSISTANTE
Toutefois, le PMI reste bien en dessous du seuil des 50 points qui démarque les périodes d'expansion des périodes de contraction.
En outre, Markit et l'Insee en réalité "montrent la même tendance à une morosité persistante de l'activité sectorielle", résume dans une note Tullia Bucco, économiste de la banque Unicredit. Le fait qu'ils prennent deux directions différentes est, selon elle, "essentiellement dû à une divergence sur l'analyse des carnets de commandes".
"Même si l'une monte et l'autre baisse, on a des enquêtes qui donnent globalement le même tableau de l'économie française, autrement dit la probable poursuite de la récession en France, une récession modérée", a expliqué à l'AFP Michel Martinez, économiste à la Société générale.
Pour lui, si l'indice PMI ralentit sa contraction, c'est parce que ce même indicateur avait "plongé ces derniers mois", de manière selon lui "exagérée", touchant en mars un plus bas depuis quatre ans. "On avait l'impression que l'écart se creusait entre les chefs d'entreprises interrogés par Markit et ceux interrogés par l'Insee", observe l'analyste.
Finalement, les deux courbes se croisent et leurs niveaux se rejoignent: ces enquêtes "ne sont pas compatibles avec la reprise de l'activité économique", selon Michel Martinez.
Concrètement, les résultats publiés mardi "suggèrent qu'il va y avoir encore un trimestre de contraction" du produit intérieur brut (PIB) d'ici à juin, affirme-t-il, après le recul de 0,3% enregistré fin 2012 et celui qui s'annonce au premier trimestre de cette année au vu de plusieurs indicateurs.
awp
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire