Francfort - Les crédits au secteur privé en zone euro ont continué à reculer en décembre, pour le huitième mois consécutif, en dépit d'un certain retour de la confiance observé dans le secteur bancaire, selon des données publiées lundi par la Banque centrale européenne (BCE).
Les crédits bancaires au secteur privé ont diminué de 0,7% sur un an, après un repli de 0,8% en novembre.
Ce nouveau déclin s'explique par une dégradation des crédits aux sociétés non financières, en chute de 2,3% sur un an, après -1,9% en novembre.
A l'inverse les crédits aux ménages ont progressé de 0,5%, légèrement davantage qu'en novembre (+0,4%), grâce notamment à une hausse des prêts immobiliers de 1,3% en décembre, contre +1,2% le mois précédent.
"On ne voit encore aucun signe d'une tendance à la hausse sur le front du crédit. Et tant que cela reste ainsi, la reprise conjoncturelle que nous prévoyons ne pourra pas se réaliser", a commenté l'économiste de Postbank Heinrich Bayer dans une note.
La situation de liquidité des banques de la zone euro s'est pourtant considérablement améliorée l'an dernier, grâce aux deux opérations de prêts sur trois ans (LTRO) de la Banque centrale européenne (BCE).
D'ailleurs mercredi 278 banques vont rembourser en avance plus d'un quart du premier LTRO, soit 137,16 milliards d'euros, selon des chiffres publiés en fin de semaine dernière qui ont été interprétés comme le retour d'un certain optimisme.
Mais "le retour de la confiance du secteur bancaire est peut-être voilé" par les effets de la récession qui se poursuit en zone euro et les stratégies de désendettement, a suggéré Christian Schulz de la banque privée allemande Berenberg.
D'autre part, "l'apathie des crédits s'explique sans nul doute par la faible demande du secteur privé non financier", a rappelé Howard Archer d'IHS Global Insight. "Les ménages et les entreprises sont réticentes à s'endetter alors que l'activité économique est moribonde et qu'il y a encore des incertitudes notables sur l'évolution de la conjoncture", a-t-il ajouté.
De son côté la masse monétaire M3, indicateur avancé de l'inflation en zone euro, a crû de 3,3% en décembre, soit moins qu'en novembre (+3,8%) et en octobre (+3,9%), a également fait savoir la BCE.
Le consensus d'analystes réalisé par l'agence Dow Jones s'attendait à une hausse plus importante du M3 en décembre, de 3,9%.
PRESSION INFLATIONNISTE MINIME
La croissance du M3 est donc toujours largement inférieure au niveau de 4,5% qui correspond à l'objectif de la BCE d'un taux d'inflation proche mais inférieur à 2% sur le moyen terme.
Ainsi "les pressions de l'inflation sous-jacente sont minimes en zone euro" et la BCE dispose par conséquent d'une "ample marge de manoeuvre" pour abaisser davantage son principal taux directeur, actuellement fixé à 0,75%, si la reprise économique escomptée en zone euro n'arrivait pas, a estimé M. Archer.
Cependant de l'avis quasi unanime des économistes il est hautement improbable que la BCE baisse ses taux en février, vu les récentes améliorations sur les marchés financiers et des indices encourageants pour la zone euro.
awp
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