Paris - Loin de l'été meurtrier craint par certains analystes, les
marchés financiers traversent le mois d'août dans le calme, convaincus que les
banques centrales agiront face à la crise lors d'une rentrée qui s'annonce
cruciale pour répondre aux attentes des investisseurs.
"La Banque centrale européenne (BCE) a acheté quelques semaines de calme, au
moment où beaucoup d'intervenants sont en vacances", résume Cyril Regnat,
stratégiste obligataire chez Natixis.
Peu d'analystes osaient miser il y a encore quelques semaines sur un été
aussi tranquille, tant sur les places boursières que sur le marché obligataire,
qui évoluent dans des marges très étroites.
La faiblesse des volumes d'échanges, traditionnelle en août pour cause de
vacances, anesthésie actuellement totalement les marchés, alors même que l'an
passé elle avait permis aux spéculateurs de se livrer à de vives attaques contre
la zone euro.
Pour preuve, le Vix, surnommé l'indice de la peur, qui mesure la volatilité
sur le marché américain, est tombé au début de la semaine à un plus bas en
quatre ans.
"On peut vraiment en conclure que beaucoup d'investisseurs restent à l'écart
et attendent de voir quels types de mesures vont mettre en place les grandes
banques centrales dans le monde", résume Cameron Peacock, analyste chez IG
Markets.
Sur le front de la crise de la dette, les Etats ne se bousculent pas non plus
pour emprunter à moyen et long terme au coeur de l'été, ce qui limite le risque
de mauvaises surprises.
Les marchés ont surtout été convaincus par le discours du président de la
BCE, Mario Draghi.
Lors de sa dernière réunion avant la trêve estivale, début août, il a promis
que la BCE ferait tout pour sauver la zone euro, y compris racheter de la dette
publique des pays les plus vulnérables, si ces derniers le demandent.
"De même, les assouplissements monétaires annoncés ou en cours dans
différents pays du monde, dont les Etats-Unis, pourraient soutenir (...) la
croissance", avance le courtier Aurel BGC, au moment où l'activité économique
ralentit dans plusieurs pays.
De nombreux analystes veulent croire à la mise en place d'un nouveau
programme de relance de la première économie mondiale de la part de la Réserve
fédérale américaine (Fed) en septembre.
"La rentrée devrait être un peu plus agitée avec un calendrier extrêmement
dense en septembre", prévient M. Regnat, qui estime que les banques centrales
seront à la hauteur des attentes.
Côté américain, les investisseurs devraient en savoir plus lors d'un discours
du président de la Fed, Ben Bernanke, le 1er septembre à Jackson Hole (ouest des
Etats-Unis) avant la réunion de politique monétaire le 13 septembre.
En Europe, la BCE devrait détailler ses intentions lors de sa réunion du 6
septembre.
La Cour Constitutionnelle allemande doit pour sa part se prononcer le 12
septembre sur le nouveau fonds de secours européen, le MES, une décision
cruciale pour l'avenir du principal outil anticrise en zone euro.
Il faut dire que le contexte reste très fragile. Par exemple, l'indice
vedette de la Bourse de Paris a certes largement rebondi depuis son creux de
début juin mais il reste au-dessous de son niveau de mars.
Surtout, les taux d'emprunt sur le marché obligataire sont toujours à des
niveaux jugés insoutenables sur le long terme, au-dessus de 6,5% à échéance 10
ans en Espagne et un peu inférieur à 6% en Italie.
Autant dire que toute mauvaise nouvelle en zone euro peut avoir des
conséquences très lourdes, ce qui pourrait pousser toutefois ces pays à demander
une aide sur le marché obligataire, comme celle proposée par la BCE.
Mais comme d'habitude en zone euro, un grain de sable peut toujours venir se
glisser dans la mécanique.
awp
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