Bruxelles - Les ministres des Finances de la zone euro ont réussi
dans la nuit de lundi à mardi à mettre au point un plan d'aide à l'Espagne qui
devrait se traduire dès la fin du mois par un versement de 30 milliards d'euros
à Madrid.
Ils ont aussi réglé un casse-tête qui traînait depuis deux mois, en procédant
à une série de nominations, dont la reconduction à son poste de leur chef de
file, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker.
"Nous sommes parvenus à un accord politique sur un projet de mémorandum"
concernant l'aide aux banques espagnoles, a annoncé M. Juncker à l'issue de neuf
heures de réunion à Bruxelles.
Le but est de "formaliser l'accord dans la seconde partie du mois, ce qui
permettra un versement de 30 milliards d'euros d'ici la fin du mois", a-t-il
ajouté. Une nouvelle réunion de l'Eurogroupe aura lieu à cette fin le 20
juillet. La maturité des prêts à l'Espagne pourra aller "jusqu'à 15 ans", mais
sera en moyenne de "12 ans et demi", a précisé le président de l'Eurogroupe.
La zone euro a mis sur la table une enveloppe pouvant atteindre 100 milliards
d'euros pour les banques espagnoles, mais le montant final dépendra des besoins
effectifs calculés établissement par établissement.
L'aide se fera sous conditions, à la fois sur le secteur financier dans son
ensemble et pour chaque banque. Parmi ces conditions, "une régulation forte
concernant la limitation des salaires des dirigeants" des banques, a précisé le
ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.
D'autre part, la zone euro est d'accord pour que l'Espagne soit autorisée à
ne ramener son déficit public à 3% du PIB qu'en 2014 au lieu de 2013, en raison
des difficultés économiques du pays.
Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a précisé qu'en
échange, Madrid devrait présenter d'ici la fin du mois un plan d'ajustement pour
2013 et 2014. L'objectif est désormais de parvenir à un déficit public de 6,3%
cette année, 4,5% en 2013 et 2,8% en 2014, a-t-il détaillé.
Les ministres des Finances des 17 ont pris une autre décision très attendue
en décidant de renommer M. Juncker pour un nouveau mandat théorique de deux ans
et demi à la tête de l'Eurogroupe. Mais l'intéressé a lui-même précisé qu'il
partirait "bien avant ce terme", au plus tard "au début de l'an prochain".
La question de sa succession ne trouvait pas de solution depuis plusieurs
mois. Wolfgang Schäuble était officiellement candidat à ce poste stratégique,
mais la France y était hostile et poussait pour une prolongation du mandat de
Jean-Claude Juncker.
L'affaire n'est pas réglée pour autant. Interrogé sur une hypothèse qui a
circulé dans la presse, selon laquelle la présidence de l'Eurogroupe, après M.
Juncker, serait confiée d'abord à Wolfgang Schäuble puis à Pierre Moscovici, ce
dernier a assuré ne pas être "demandeur". M. Schäuble, à qui on demandait s'il
était toujours intéressé par le poste, s'est borné à renvoyer la balle aux chefs
d'Etat et de gouvernement.
Les ministres des Finances ont aussi proposé de nommer un autre
Luxembourgeois, Yves Mersch, au sein du directoire de la Banque centrale
européenne (BCE). Ce choix doit être entériné formellement mardi par les
ministres des Finances de l'ensemble des vingt-sept pays de l'Union
européenne.
Ils ont enfin désigné l'Allemand Klaus Regling, patron actuel du fonds de
secours temporaire de la zone euro, pour prendre la tête du futur fonds
permanent, le MES.
Les ministres devaient aussi commencer à traduire en actes les décisions du
sommet des 28 et 29 juin, notamment la supervision bancaire intégrée afin
d'ouvrir la voie à la recapitalisation directe des banques par le MES.
La Commission devrait présenter "des propositions d'ici début septembre sur
une supervision des banques passant par la Banque centrale européenne, de
manière à ce que le projet soit prêt d'ici la fin de l'année", a précisé M.
Rehn.
C'est un "calendrier ambitieux mais réaliste", a commenté M. Moscovici,
expliquant que cela permettrait "de traiter la racine de la crise en cassant la
boucle qui se crée entre crise bancaire et crise souveraine".
La France souhaite en outre que la recapitalisation directe soit rétroactive
et puisse bénéficier aux banques espagnoles.
Cette recapitalisation directe ne nécessitera pas de garantie de la part des
Etats, ont assuré M. Juncker et M. Rehn, levant des ambiguïtés apparues ces
jours derniers.
L'examen des finances de la Grèce et les besoins de Chypre pour aider ses
banques étaient également au programme de cette réunion particulièrement
chargée, mais les décisions ont été reportées à plus tard
AFP
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