Madrid - L'Espagne, en pleine tourmente financière qui fait
craindre pour sa solvabilité, a provoqué mardi la "stupeur" de ses partenaires
européens, en publiant une "prétendue" déclaration commune sur l'exigence d'une
application immédiate des accords du sommet européen.
En début d'après-midi, le ministère espagnol des Affaires étrangères a publié
un communiqué sibyllin avec ce titre: "l'Espagne, l'Italie et la France exigent
l'application immédiate des accords du dernier sommet européen" de fin juin.
Alors que "la rapidité est une condition essentielle du succès de toute
initiative européenne", "il y a un décalage préoccupant entre la décision qu'a
prise le Conseil européen et l'application de ces accords", affirme le
secrétaire d'Etat espagnol pour l'Union européenne Estado Mendez de Vigo, cité
dans ce texte.
Le communiqué cite nommément le ministre français des Affaires européennes,
Bernard Cazeneuve, et son homologue italien, Moavero Milanesi, qui ont demandé
avec M. Vigo "l'application immédiate des accords" de ce sommet.
SEC DÉMENTI
Mais aussitôt Rome et Paris démentent sèchement et en des termes peu
diplomatiques.
Le gouvernement italien exprime par communiqué "sa stupeur" à propos de
l'initiative annoncée par Madrid, "concernant une prétendue déclaration
conjointe entre l'Espagne, l'Italie et la France, initiative dont le
gouvernement n'est pas informé".
"C'est hallucinant", rétorque M. Cazeneuve. "Il n'y a pas eu de démarche
commune avec l'Italie et l'Espagne. Je n'ai pas demandé d'application immédiate
des accords. On suit les décisions prises au sommet européen et on travaille
dessus", a-t-il déclaré, interrogé par l'AFP.
"Cela n'a aucun sens d'affirmer cela. Cela n'a pas été évoqué entre nous",
a-t-il ajouté.
RECAPITALISATION DES BANQUES EN DIFFICULTÉ
Interrogé sur ces vives réactions, le ministère des Affaires étrangères n'a
pas fourni d'explication. Mais en fin de journée, le communiqué avait disparu
des sites du ministère et du gouvernement espagnols.
A l'issue du sommet européen des 28 et 29 juin, Rome et Madrid ont notamment
obtenu que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et son remplaçant,
le Mécanisme européen de stabilité (MES), puissent recapitaliser directement les
banques en difficulté sans alourdir les finances publiques du pays.
Mais il reste encore des inconnues, en particulier quant au lancement du MES,
pare-feu permanent de la zone euro, et à son fonctionnement, alors que
l'Allemagne refuse une mutualisation de la dette.
Le MES ne sera pas sur pied avant fin septembre au mieux, car la Cour
constitutionnelle allemande doit se prononcer le 12 septembre sur cet instrument
doté d'une capacité de prêt de 500 milliards d'euros.
En attendant, la zone euro doit faire avec le fonds de secours existant, le
FESF, qui dispose d'environ 200 milliards d'euros. Une somme jugée insuffisante
par les experts pour "sauver" un pays comme l'Italie, lestée par une dette
colossale, ou pour prêter à l'Espagne.
"S'il faut intervenir massivement en août, il y a un problème", admettait
récemment un diplomate européen.
La crédibilité de l'Espagne sur les marchés a subi un nouveau coup mardi
alors qu'après Valence, la Catalogne, l'une de ses régions les plus riches, a
reconnu ses importantes difficultés financières et pourrait avoir besoin d'une
aide du gouvernement.
AWP
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