Athènes - Le plan d'aide européen aux banques espagnoles ouvre un fragile espoir en Grèce pour une solution négociée de sortie de crise après les élections du 17 juin.
Après avoir résisté jusqu'au bout, l'Espagne est devenue samedi le quatrième pays de la zone euro, après la Grèce, l'Irlande et le Portugal, à recevoir une aide financière extérieure d'un montant de 100 milliards d'euros, mais limité aux seules banques asphyxiées par leur exposition au secteur immobilier.
En Grèce, ce plan d'aide, qui n'est apparemment pas assorti de conditions d'austérité budgétaire impulsées et supervisées par les bailleurs de fonds comme c'est le cas à Athènes, faisait presque des envieux lundi, et en tous cas bénéficiait de la une des journaux.
"La vitesse à laquelle la crise bancaire espagnole a été traitée ... est une preuve indéniable que le nouveau rapport de forces (en Europe) constitue un moyen efficace de faire pression sur l'Allemagne, et la reconnaissance qu'une sévère austérité n'est pas le meilleur médicament pour faire face à la crise économique" estimait ainsi dans un éditorial le quotidien Ethnos (centre-gauche).
Dès dimanche, le dirigeant du Pasok, le parti socialiste grec, Evangélos Vénizélos a estimé que "ce qui s'est passé en Espagne a une grande incidence sur la Grèce"..
"La rapidité avec laquelle les partenaires européens et le FMI ont réagi à la demande de l'Espagne, en venant en aide aux banques espagnoles à hauteur de 100 milliards d'euros, montre qu'un filet de sécurité pour la zone euro est en préparation" et cela concerne la Grèce, a-t-il dit.
"Les développements en Espagne créent un climat qui favorise les demandes" de renégociation, "principalement en Grèce", estimait aussi le quotidien financier Naftemporiki lundi, tandis que Ta Nea titrait sur "l'aide à l'Espagne, un message pour Athènes".
Le sauvetage espagnol --même si l'Espagne n'accepte pas ce terme officiellement-- est un signe que "l'Europe peut être souple quand certaines valeurs sont acceptées" soulignait pour sa part le ministre du Développement du gouvernement intérimaire, l'économiste Iannis Stournaras.
Il estime que la situation catastrophique de la Grèce peut très bien être prise en compte par ses créanciers "tant que la négociation est fondée sur une compréhension mutuelle".
Comme le Portugal, qui souhaiterait améliorer les conditions du plan de sauvetage de 78 milliards d'euros accordé au pays en mai 2011, la Grèce voudrait en effet sortir de l'étau de la rigueur imposée depuis deux ans, qui a fait plonger son économie dans une récession prenant de plus en plus des airs de dépression, avec un recul cumulé de 14% du PIB depuis le début de la crise.
Mais deux positions s'affrontent, celle d'une "renégociation", prônée par la Nouvelle Démocratie (droite) d'Antonis Samaras, et celle d'une "annulation" des conditions des prêts consentis par la zone euro et le FMI à la Grèce, soutenue par la gauche radicale d'Alexis Tsipras.
Selon des sondages secrets et non publiables sur les intentions de vote qui circulent sous le manteau, aussi bien dans les partis politiques qu'au siège des banques, les deux hommes sont au coude à coude pour former le prochain gouvernement après le scrutin du 17 juin.
Dimanche, Antonis Samaras a mis l'accent sur l'importance pour le pays de rester dans le jeu européen en renégociant des parties du "memorandum" d'accord entre le pays et ses créanciers.
Tandis que l'empêcheur de tourner en rond des financiers de tous les pays, Alexis Tsipras estimait que "la seule voie pour restaurer la dignité et la prospérité des peuples européens est de rejeter les politiques d'austérité et de récession sur lesquelles repose le mémorandum, et non pas d'accepter en bloc les implications du mémorandum".
"Les développements en Espagne confirment la position que nous avons depuis le début", a-t-il dit au quotidien Avgi. "A savoir que la crise est un problème pan-européen et que la manière dont il a été traité jusqu'à présent a été complètement inefficace et désastreuse sur le plan social", a-t-il ajouté.
AWP
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