Bruxelles - La crise de la dette devrait toucher la zone euro moins violemment que prévu, selon le Fonds monétaire international (FMI) qui n'exclut pas pour autant une rechute tant que l'Union monétaire n'aura pas réglé ses problèmes de fond et trouvé comment renouer durablement avec la croissance.
Dans ses prévisions économiques de printemps rendues publiques mardi, l'institution de Washington table sur une récession moins profonde que prévu en 2012. Le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro devrait se replier de 0,3% et non de 0,5% comme envisagé précédemment.
"La récession devrait être peu profonde et de courte durée dans de nombreuses économies de la zone euro sachant que la confiance et les conditions sur les marchés se sont déjà améliorées et que la demande en provenance d'autres régions devrait se renforcer", fait savoir le FMI.
Les pays de l'Union monétaire devraient donc renouer avec la croissance dès le second semestre et enregistrer une croissance de 0,9% en 2013.
Une situation liée aux mesures exceptionnelles mises en place par la Banque centrale européenne (BCE) en faveur des banques, à la signature d'un traité de discipline budgétaire et au renforcement du pare-feu de la zone euro.
Mais "la possibilité que la crise reparte au quart de tour reste un risque majeur pour la croissance et la stabilité du secteur financier jusqu'à ce que les problèmes de fond (de la zone euro) soient résolus", avertit le FMI.
Une sentence qui tombe au moment même où la situation de l'Espagne inquiète, ce qui se traduit par de nouvelles turbulences sur les marchés financiers.
Selon les prévisions du FMI, la quatrième économie de la zone euro devrait traverser une récession sévère en 2012 (-1,8%) avant de voir son activité stagner en 2013. Cette situation risque de compliquer la donne pour le pays qui a promis de réduire drastiquement son déficit public en 2012, à 5,3% du PIB et de revenir dans les clous européens, à 3% du PIB l'année prochaine.
Dans ce contexte, le patron de l'Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, s'est voulu rassurant mardi en affirmant que Madrid "n'avait pas besoin d'aide extérieure" et a invité les marchés à être "plus rationnels".
Mais cette épée de Damoclès risque de planer encore longtemps au-dessus des Européens, qui ont fort à faire pour tourner la page de la crise de la dette.
Pour le FMI, il faut encore mettre en place une consolidation budgétaire appropriée en zone euro et soutenir la croissance, ce que pourrait faire indirectement la BCE via une politique monétaire souple et de nouvelles opérations exceptionnelles.
"Vu la nécessité de faire des efforts sur le plan budgétaire, la tâche de soutenir la croissance dépend de la politique monétaire", estime le FMI.
Autre recommandation: des pays devraient lâcher du lest sur la consolidation fiscale et se concentrer sur des mesures à moyen terme pour améliorer la qualité de leur signature sur les marchés. L'Allemagne est clairement désignée.
Pendant ce temps, les pays plus fragiles au sein de la zone euro mettraient tout en oeuvre pour revenir dans les clous européens en termes de déficits.
Enfin, le FMI recommande un plus grand partage des risques au sein de la zone euro, via des mécanismes communs solides. Et de suggérer la mise en place d'un pare-feu contre la crise (MES) renforcé, sans donner plus de détails.
Selon les prévisions du FMI publiées mardi, les deux premières économies de la zone euro devraient connaître une croissance un peu meilleure que prévu en 2012, avec un Produit intérieur brut de 0,6% pour l'Allemagne (contre 0,3% envisagé par le FMI en janvier) et de 0,5% pour la France (contre 0,2%).
AWP
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