BRUXELLES - La zone euro a commencé à discuter mercredi d'une aide supplémentaire à la Grèce, qui un an après son sauvetage reste engluée dans la crise budgétaire et pourrait bénéficier d'un plan de soutien dépassant les 90 milliards d'euros, selon une source proche du dossier.
Au cours d'une conférence téléphonique, les ministres des Finances de la zone euro ont eu un premier échange de vues sur les modalités de financement du programme d'ajustement de la Grèce, a indiqué dans un communiqué leur chef de file, Jean-Claude Juncker.
Ce programme avait été mis sur pied l'an dernier par les Européens et le Fonds monétaire international afin d'assurer le redressement des finances du pays, en échange d'une aide financière internationale de 110 milliards d'euros sur trois ans.
Mais le pays, plombée par une énorme dette publique, a besoin d'un nouveau coup de pouce, de l'avis d'experts du FMI, de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne, qui viennent de terminer une mission d'évaluation en Grèce.
Selon le quotidien allemand Handelsblatt, qui a obtenu une copie de leur rapport, ils ont conclu qu'Athènes ne pourrait pas recommencer à se financer partiellement sur les marchés en 2012 comme initialement prévu, à hauteur de près de 30 milliards d'euros, et aurait donc besoin d'une aide supplémentaire.
Une source diplomatique proche des discussions a indiqué à l'AFP que le nouveau plan d'aide pourrait atteindre plus de 90 milliards d'euros au total, couvrant les besoins de la Grèce jusqu'à au moins mi-2014.
Un tiers environ proviendrait de recettes de privatisations grecques, un tiers de prêts des Européens et du FMI, et le reste d'une participation des créanciers privés de la Grèce, un point sur lequel insiste notamment l'Allemagne mais qui est le plus disputé à l'heure actuelle.
Une des options, privilégiée par Berlin, consisterait à rééchelonner le remboursement de la dette grecque détenue par des banques privées.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a évoqué un allongement de sept ans de la maturité des obligations d'Etat grecques en circulation, dans une lettre à ses partenaires européens.
Une autre option, promue par la Commission européenne et à la BCE, verrait les banques privées s'engager volontairement à renouveler leurs prêts au pays quand ils arriveront à échéance. La banque française Crédit Agricole s'est dite favorable mercredi à un tel debt roll-over, comme on l'appelle dans le jargon financier.
L'enjeu dans tous les cas est d'éviter que la mesure ne soit interprétée comme une restructuration de dette qui ne dit pas son nom, aux conséquences imprévisibles pour toute la zone euro.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, s'est encore mercredi dit contre une restructuration qui risque de créer un désordre financier et d'approfondir la crise économique grecque.
Mais cela ne signifie pas que nous rejetons toute forme de participation du secteur privé. Nous examinons toute initiative du même type que celle de Vienne, où les grandes banques privées s'étaient engagées en 2009 à ne pas couper les vivres à la Roumanie. Des accords similaires avaient suivi pour la Hongrie et la Lettonie.
Une autre question toujours à trancher est de savoir si les prêts bilatéraux promis dans le cadre du programme de l'an dernier, mais non encore versés, seront inclus dans le nouveau programme ou continueront à être consentis en parallèle, a précisé la source diplomatique.
Et Athènes doit aussi faire des efforts de son côté, insistent les Européens.
Nous reconnaissons les progrès significatifs réalisés jusqu'ici par les autorités grecques, en particulier concernant la consolidation budgétaire, bien qu'un regain d'efforts budgétaires et des réformes structurelles plus larges restent nécessaires, a encore indiqué mercredi M. Juncker.
AFP
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