ROME, 22 mai - Standard & Poor's a abaissé samedi de "stable" à "négative" sa perspective sur la note de crédit de l'Italie, faisant redouter une extension de la crise de la dette à la troisième économie de la zone euro.
L'agence de notation a évoqué de faibles possibilités d'expansion économique et des chances réduites de faire baisser l'endettement du pays, mais le Trésor italien a critiqué cette décision, alléguant que la croissance et les comptes publics s'avéraient "constamment meilleurs qu'attendu".
L'abaissement de la perspective signifie qu'il y a une chance sur trois que la note souveraine italienne soit déclassée dans les 24 mois.
"A notre sens, les perspectives de croissance actuelles de l'Italie sont faibles, et l'engagement politique en faveur de réformes destinées à stimuler la productivité semble hésitant", a indiqué Standard & Poor's dans un communiqué diffusé samedi matin.
L'agence a estimé que la fragilité de la coalition de centre-droit de Silvio Berlusconi rendait peu probable l'adoption de telles réformes à court terme.
"Un blocage politique éventuel pourrait contribuer à un dérapage fiscal. Par conséquent, nous pensons que les perspectives de réduction de la dette publique de l'Italie ont reculé", peut-on lire.
Standard & Poor's a confirmé ses notes souveraines "A+" (long terme) et "A-1+" (court terme) pour l'Italie, qui se relève peu à peu d'un ralentissement économique sans précédent depuis 1945 et dont la dette publique est l'une des plus élevées du monde.
Des trois principales agences de notations, S&P est souvent celle qui a adopté la vision la plus pessimiste sur la situation du pays. Moody's attache la note de long terme "Aa2" à l'Italie, soit deux crans au-dessus de celle de Standard & Poor's, et Fitch a fixé la sienne à "AA-", un cran de plus que S&P.
LA RÉDUCTION DE LA DETTE EN PÉRIL
L'Italie a relativement mieux résisté à la crise financière que d'autres membres de la zone euro, mais elle affiche l'un des taux de croissance les plus faibles des pays utilisant la monnaie unique.
De nombreux analystes estiment que faute de réformes destinées à doper son potentiel de croissance, Rome a peu de chances d'atteindre son objectif à moyen terme de réduction de sa dette.
"Si la faible croissance persiste, le budget devrait, selon nous, ne pas atteindre, et de loin, les objectifs du gouvernement et par conséquent, mettrait en péril le plan de réduction de la dette", écrit S&P.
L'économie italienne a connu une croissance de tout juste 0,1% au premier trimestre, contre +0,3% attendu par les analystes. A titre de comparaison, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 1,5% en Allemagne, +1,0 en France et +0,8% en Grèce.
Dans un communiqué, le Trésor italien a déclaré que le Fonds monétaire international (FMI), l'OCDE et la Commission européenne avaient publié récemment des évaluations "très différentes" de celle de S&P.
Les analystes du FMI et de l'OCDE ont déclaré ce mois-ci que l'Italie connaissait une reprise lente, précisant qu'il faudrait des réformes structurelles majeures pour renforcer son potentiel de croissance.
Mais le gouvernement de Silvio Berlusconi pourrait traîner des pieds à l'idée de prendre de nouvelles mesures d'austérité.
"A cause de sa popularité en chute libre, Berlusconi est réticent à l'idée de mener un programme de réformes très impopulaire, qui pourrait entraîner des suppressions d'emplois et une baisse des revenus", juge Raj Badiani, de IHS Global Insight.
"Le marché a été souple avec l'Italie, car elle avait l'habitube d'enregistrer une croissance très faible et une dette publique élevée (...) mais si la croissance ralentit brusquement, alors certains vont réexaminer le niveau de la dette publique et commencer à rapprocher le cas italien de l'Espagne."
Seul note d'optimisme de la part de S&P, le sentiment que le secteur bancaire italien "est dans une meilleur situation financière qu'il y a six mois" grâce à des mesures de renforcement du capital des établissements.
L'agence de notation précise néanmoins dans un communiqué séparé qu'un abaissement de la note souveraine italienne pourrait avoir des conséquences pour les notes de certaines banques, comme Intesa Sanpaolo ou les filiales de BNP Paribas: Findomestic Banca et Banca Nazionale del Lavoro.
Source: Reuters.
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