Bruxelles (awp/afp) - L'Union européenne prépare la création à partir de 2014 d'emprunts spécifiques pour financer de grands projets d'infrastructures, avec une consultation sur leurs modalités lancée lundi.
D'après des estimations de la Commission européenne, des investissements de 1500 à 2000 milliards d'euros sont nécessaires d'ici 2020 pour des réseaux de transports transeuropéens ainsi que de grandes infrastructures dans le secteur des transports ou des télécommunications.
Ces moyens risquent d'être difficiles à trouver après la crise financière, qui oblige les gouvernements à faire des économies et rend les prêteurs privés plus méfiants.
Les sociétés qui réalisent de grands projets d'infrastructures "ont de grandes difficultés à financer des investissements à long terme, tant auprès des banques que sur le marché", a noté Philippe Maystadt, le président de la Banque européenne d'investissement (BEI, bras financier de l'UE), lors d'une conférence de presse.
En période d'austérité budgétaire, "nous avons besoin de trouver des moyens intelligents pour financer des projets d'un grand intérêt public", a indiqué pour sa part le commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn.
Concrètement, les emprunts pour des grands projets ("project bonds") pourraient bénéficier d'un soutien de l'UE, prenant la forme de garanties ou de prêts octroyés par la BEI ou le budget de l'UE.
Ce partage des risques doit permettre théoriquement de lever des fonds sur le marché à des conditions plus intéressantes, et servir de "catalyseur" pour augmenter le montant et l'origine des fonds disponibles pour de grandes infrastructures, explique le document de consultation.
L'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors avait lancé dès 1993 l'idée de lancer un emprunt européen pour financer de grands projets.
Le document publié lundi insiste toutefois sur le fait que dans le cadre des "project bonds", l'UE ne lèverait pas directement de l'argent sur le marché, et qu'ils n'ont donc rien à voir avec l'idée, évoquée régulièrement mais loin de faire l'unanimité, des "euro-obligations", qui seraient lancées en commun par plusieurs pays pour en mutualiser les risques.
Un plafond serait fixé pour les risques pour le budget de l'UE, et la qualité des projets serait assurée par une évaluation de la Commission européenne et de la BEI, portant notammant sur leur faisabilité technique et les revenus générés.
Les Européens espèrent de la sorte attirer de nouveaux types d'investisseurs, tels des fonds de pension ou des assureurs.
La consultation publique, qui vise notamment à "évaluer la demande" et "la base d'investisseurs" potentiels pour les "project bonds", est ouverte jusqu'au 2 mai. La Commission espère faire une proposition définitive en juin, afin que les emprunts soient "totalement opérationnels en 2014".
cha
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