Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) est restée impénétrable mercredi sur ses intentions et a laissé la porte ouverte à toutes les options, tiraillée entre une inflation qu'elle prévoit élevée jusqu'en 2012 et une reprise économique chaotique cette année.
"L'inflation devrait se situer entre 4% et 5% à court terme et rester largement au-dessus de la cible de 2% cette année", a admis l'institution dans son rapport trimestriel sur l'inflation.
Lors d'une conférence de presse, le gouverneur de l'institution Mervyn King a tenté de tempérer les attentes, largement relayées par la presse, d'un relèvement rapide du taux d'intérêt directeur de l'institution, fixé à 0,5% depuis mars 2009.
"Nous sommes face à des jugements difficiles (...) il nous faut trouver le bon équilibre entre plusieurs risques", a expliqué M. King. Il a martelé qu'aucune décision sur les taux d'intérêt n'était prise à l'avance par l'institution, qui "décide en fonction des derniers éléments connus".
Le Comité de politique monétaire (CPM) de la banque centrale britannique, dont la prochaine réunion est prévue les 9 et 10 mars, se livre depuis mi-2010 à un numéro d'équilibriste: elle doit jongler entre une inflation toujours plus élevée et un ralentissement de la reprise économique au Royaume-Uni.
Les derniers chiffres publiés rendent la tâche encore plus ardue pour les sages du CPM, qui ne cachent d'ailleurs plus leurs divisions: l'inflation a atteint 4% sur un an en janvier, un record depuis novembre 2008, alors que l'économie britannique s'est contractée de façon brutale et inattendue (-0,5%) au quatrième trimestre 2010.
Si M. King prévoit que la reprise "ne sera probablement pas régulière", il a écarté un retour en récession de l'économie du pays, anticipant un "rebond de l'activité" au début de cette année.
Mais les effets des mesures d'austérité mises en place par le gouvernement, dont une hausse en début d'année de la TVA de 17,5% à 20%, couplées à la hausse des cours des matières premières, "risquent de peser sur la vigueur de la reprise".
L'institution estime toujours que les effets d'une politique monétaire accommodante, une poursuite de l'expansion de la demande mondiale, et la dépréciation de la livre, depuis mi-2008, doivent continuer à soutenir la reprise économique.
Le maintien d'un taux de chômage élevé (7,9% pour l'ensemble de la population et un taux record de 20,5% chez les 16-24 ans, selon des statistiques publiées mercredi) a cependant ajouté à l'incertitude sur la stratégie à adopter.
Le centre d'études Cebr y a vu un argument supplémentaire pour que la Banque d'Angleterre privilégie la croissance à la lutte contre l'inflation et laisse son taux directeur inchangé, tandis que Vicky Redwood, de Capital Economics, estimait que le cap des 3 millions de chômeurs serait franchi à moyen terme.
Pour Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight, "le ton globalement prudent de M. King montre qu'il n'est toujours pas convaincu de la nécessité de déjà relever les taux dans l'immédiat, ou du moins aussi rapidement que les marchés l'attendent".
De plus, "la performance assurée de M. King suggère qu'il ne s'inquiète pas de l'impact de l'immobilisme de l'institution sur sa réputation personnelle ni sur la crédibilité de la Banque", observait Kathleen Brooks, de Forex.com.
Suite à la publication du rapport et à l'intervention du gouverneur, la livre britannique est reparti en nette baisse face à l'euro et au dollar.
Hier, les spéculations sur un resserrement monétaire anticipé avaient poussé la livre à son niveau le plus élevé depuis un mois face à la monnaie unique européenne.
rp
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