MADRID - Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a admis mercredi que son payse vivait une situation difficile en raison de son déficit, promettant de le réduire autant que possible, tandis que la Commission européenne a rappelé à Madrid de respecter le Pacte de stabilité.
Le déficit public de l'Espagne a atteint 8,51% du PIB en 2011, bien plus que l'objectif officiel fixé par le précédent gouvernement socialiste, qui était de 6%, après 9,3% en 2010.
Ce chiffre signifie que nous devons faire des efforts, a déclaré Mariano Rajoy devant la presse, sans préciser si l'Espagne s'apprêtait à demander à Bruxelles une révision de son objectif de déficit pour 2012, actuellement de 4,4% du PIB.
De son côté, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a rappelé au cours d'une conférence de presse à Bruxelles qu'il attendait du budget espagnol qu'il soit pleinement conforme aux règles du Pacte de stabilité et de croissance. Après 4,4% en 2012, Madrid est censé ramener son déficit public à 3% du PIB en 2013.
Nous n'avons pas encore une image globale du dérapage budgétaire qu'a connu l'Espagne l'an dernier et des raisons de ce dérapage, a déclaré M. Barroso, disant attendre pour cela que Madrid présente son budget 2012 d'ici fin mars.
Ce n'est qu'à ce moment-là, lorsque nous aurons reçu des informations concrètes, que nous pourrons prendre une décision, a-t-il dit.
M. Rajoy doit participer jeudi et vendredi à Bruxelles au sommet des dirigeants européens qui vont tenter de tourner la page de la crise de la dette.
La situation est difficile. Nous réduirons le déficit autant que nous pourrons, a-t-il promis, précisant que cet effort devait être collectif et associer le gouvernement central, les régions autonomes et les mairies.
Cet effort doit être accompagné de mesures de relance économique. Cette année ne va pas être facile, a encore dit Mariano Rajoy, alors que l'Espagne affiche un taux de chômage record de 22,85%.
La politique d'austérité du gouvernement central et de plusieurs régions dirigées par la droite ont déjà provoqué une grogne sociale qui ne cesse de s'amplifier.
Mercredi, les lycéens et étudiants ont organisé une journée d'action dans tout le pays pour protester contre les coupes budgétaires dans l'éducation et les syndicats appelaient à la mobilisation dans le cadre d'une journée européenne contre l'austérité.
L'objectif d'un déficit à 4,4% du PIB en 2012 a déjà été jugé irréaliste par nombre d'économistes, alors que le pays devrait une nouvelle fois entrer en récession dès ce trimestre après avoir connu une faible croissance, de 0,7% de son PIB, en 2011.
Refusant lui aussi de dire si l'Espagne s'apprête à négocier un nouvel objectif de déficit pour 2012, le ministre de Budget Cristobal Montoro avait cependant souligné lundi que les scénarios sont différents désormais de l'époque où les prévisions avaient été établies.
Nous allons proposer (à Bruxelles, ndlr) une ligne budgétaire crédible, avait-il ajouté. Nous sommes en récession et cela, il faut le reconnaître et mener une politique pour en sortir.
Pour tenter de redresser les comptes du pays, le nouveau gouvernement, entré en fonctions en décembre, a déjà annoncé des coupes budgétaires de 8,9 milliards d'euros, des hausses d'impôts pour 6,3 milliards et un plan anti-fraude fiscale dont il espère récupérer près de 8,2 milliards.
AFP
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