Berlin - Au moment où elle devrait consacrer toute son énergie à sauver l'euro, la chancelière Angela Merkel fait face à des turbulences politiques intérieures, notamment la crise de son allié libéral.
Philipp Rösler, chef du FDP, partenaire des conservateurs CDU/CSU de Mme Merkel au sein du gouvernement, a évité le désastre total vendredi, avec l'échec d'un référendum interne lancé par des dissidents euro-sceptiques.
Un succès de ce scrutin aurait menacé la survie d'une coalition, déjà souvent malmenée ces derniers mois en raison des réticences du FDP à accepter les aides allemandes aux pays européens en difficulté.
SOUS LES 5%
"Le FDP reste clairement un parti pro-européen", a assuré vendredi M. Rösler, qui est aussi ministre de l'Economie et vice-chancelier. Mais cette victoire n'efface pas tous ses problèmes, loin de là.
Tombé dans les sondages sous les 5%, seuil nécessaire pour entrer au parlement, le FDP a perdu cette semaine son secrétaire général Christian Lindner, démissionnaire à la surprise générale.
Pour ajouter à la confusion, son remplaçant trouvé à la hâte, Patrick Döring, fait l'objet d'une enquête pour délit de fuite après un accrochage en voiture.
Jusqu'ici, la chancelière a balayé les questions concernant son partenaire de coalition, affirmant que le travail du gouvernement n'était "pas du tout entravé".
PAS UNE PRÉOCCUPATION MAJEURE POUR LES MARCHÉS
Pour l'instant, la crise du FDP "ne lui nuit pas", confirme Joachim Koschnicke, directeur de l'institut Forsa. Illustration vendredi avec un sondage commandé par la chaîne de télévision ZDF: les intentions de vote pour le FDP stagnent à 4%, mais Mme Merkel redevient la personnalité politique préférée des Allemands, titre qu'elle avait perdu en avril 2010.
Du côté des marchés, ces problèmes de politique intérieure "ne sont pas une préoccupation majeure", assure Jörg Krämer, économiste en chef de la Commerzbank.
"Au niveau de la tactique électorale, c'est une autre affaire" et "Mme Merkel a un intérêt primaire à ce que le FDP se relève" d'ici les législatives de 2013, fait toutefois valoir M. Koschnicke.
"Il va être de plus en plus difficile à Mme Merkel de gouverner, car les problèmes des libéraux vont s'aggraver", prédit pour sa part Oskar Niedermayer, politologue de la Freie Universität (FU) de Berlin.
POLÉMIQUE AUTOUR DU PRÉSIDENT
"Le FDP sait que s'il y avait de nouvelles élections aujourd'hui, il n'aurait plus de députés, donc il finit toujours par s'aligner" sur Mme Merkel, analyse Carsten Koschmieder, également chercheur de la FU, qui ajoute toutefois: "un parti qui est dans une telle crise est forcément imprévisible".
Depuis le début de semaine, Mme Merkel doit aussi gérer une polémique autour du président allemand, le conservateur Christian Wulff. Porté par Mme Merkel à ce poste surtout honorifique, M. Wulff a dû exprimer publiquement ses "regrets" pour avoir passé sous silence un prêt accordé par l'épouse d'un ami industriel.
"A qui la chancelière peut-elle encore faire confiance?" s'interroge ainsi le quotidien Tagesspiegel.
Même la banque centrale allemande, la Bundesbank, dont elle a tant vanté l'indépendance, se retourne actuellement contre elle. L'institution a demandé aux députés allemands d'examiner une des propositions pour la sortie de crise faites la semaine dernière lors du sommet européen.
AUGMENTER LES PRÊTS BILATÉRAUX AU FMI
Il s'agit d'augmenter les prêts bilatéraux des banques centrales européennes au FMI, pour que ce dernier s'en serve face à la crise de la dette en zone euro. La facture allemande serait de 45 milliards d'euros.
Mais le Bundestag n'a guère envie de se saisir de ce dossier brûlant, dans un pays où l'opinion publique estime avoir assez payé pour les autres.
Preuve de son embarras, le gouvernement a empêché une réunion mercredi entre le patron de la Bundesbank et des députés, croit savoir le Financial Times Deutschland.
AWP
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