Athènes - Le Premier ministre grec a nommé vendredi un nouveau gouvernement, marqué par l'entrée de ténors socialistes tels Evangélos Vénizélos au ministère critique des Finances, qui devra prendre à bras le corps une crise grecque qui menace de s'étendre à toute la zone euro.
Le premier défi pour le nouveau gouvernement sera de faire adopter d'ici la fin du mois un projet de loi d'austérité, vivement contesté par la rue et une partie de la base du parti socialiste au pouvoir, mais jugé indispensable par les créanciers du pays pour débloquer une deuxième aide financière à la Grèce, au bord du défaut de paiement.
M. Vénizélos, 54 ans, qui est aussi un rival malheureux du Premier ministre Georges Papandréou pour le leadership du parti socialiste, et à revient aussi le poste de vice-premier ministre, devra notamment obtenir de la base des députés rétifs un vote de confiance, que M. Papandréou devrait demander dès vendredi.
Jusqu'à présent à la Défense, M. Vénizélos remplace le technocrate Georges Papaconstantinou, artisan du plan international de soutien à la Grèce et du prêt de 110 milliards d'euros accordé en 2010 en échange de mesures d'austérité draconiennes.
Il sera aussi chargé de mettre en oeuvre les réformes demandées par les créanciers du pays, dont il devient l'interlocuteur.
Le politologue Ilias Nikolakopoulos indique qu'il "doute de ses possibilités pour faire avancer les vraies réformes" dont la Grèce a besoin, car "il n'a jamais montré de grandes capacités administratives".
"On a une dizaine de jours pour voir comment il va réagir avant le bouclage des discussions en Europe" a-t-il ajouté.
Après avoir multiplié ces dernières semaines les annonces discordantes sur les modalités d'une aide supplémentaire à la Grèce, les deux principaux pays créanciers du pays, la France et l'Allemagne, semblaient vendredi faire des efforts pour ressouder leurs rangs face à la crainte d'une réaction en chaîne dans toute l'Europe, en cas de défaut d'Athènes sur sa dette.
Le rééchelonnement de la dette grecque pourrait marquer "le début de la fin" de la zone euro, a estimé vendredi Jean-Pierre Jouyet, le président de l'Autorité française des marchés financiers (AMF) à Paris.
Vendredi, le président de la République français et la Chancelière allemande qui se sont rencontrés à Berlin ont convenu qu'il fallait chercher une solution rapide à ce problème de dette, avec une participation volontaire des créanciers privés.
Jusqu'à présent les deux pays prônaient des solutions divergentes en ce qui concerne la participation volontaire ou non du secteur privé au 2e plan de sauvetage en préparation.
L'Allemagne souhaitait que les banques qui détiennent de la dette toxique grecque perdent une partie de leur mise dans le cadre d'un rééchelonnement des échéances. La France favorisait plutôt, comme la BCE, une solution "volontaire" pour ne pas déclencher ce que les marchés nomment un "événement de crédit" susceptible d'être interprété par les marchés comme un défaut de paiement de la Grèce.
Au total, le nouveau gouvernement grec comprend le même nombre de ministres mais moins de secrétaires d'Etat. Une "commission gouvernementale", nouvel organe comprenant une dizaine de ministres, dont celui des Finances, présidé par le Premier ministre, sera chargé de coordonner les tâches gouvernementales.
Critiqué par certains cadres et députés du Pasok (parti socialiste), M. Papaconstantinou se chargera dorénavant du ministère de l'Environnement, un poste moins exposé.
rp
AWP
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