LISBONNE - L'agence de notation Standard and Poor's (SP) a estimé mercredi que le Portugal pourrait être "contraint" de demander une aide extérieure, maintenant le pays sous "surveillance négative" dans l'attente d'une décision européenne sur son futur mécanisme de soutien financier.
Fin novembre, SP s'était donné trois mois pour décider d'une éventuelle dégradation de la note portugaise, actuellement à "A-" pour la dette à long terme et "A-2" sur le court terme.
Mercredi, l'agence a expliqué qu'elle maintenait le Portugal sous "surveillance négative" pour encore deux mois afin de connaître les conditions du nouveau Mécanisme européen de stabilité (ESM), appelé à succéder à partir de 2013 au fonds provisoire (FESF) mis en place l'an dernier après la crise grecque.
Pour SP, le Portugal devrait être le prochain bénéficiaire du fonds après l'Irlande et, à ce titre, les conditions des prêts accordés par l'ESM, sur lesquelles les Européens doivent se mettre d'accord d'ici la fin mars, seront un "élément-clé" dans la définition de la note du pays.
Depuis plusieurs mois, le gouvernement portugais assure pourtant qu'il parviendra à régler la crise budgétaire et à restaurer la confiance des marchés sans assistance extérieure, grâce à une sévère cure d'austérité visant à réduire le déficit à 4,6% du PIB en 2011.
Mais, selon Standard and Poor's, malgré les progrès réalisés ces derniers mois, le Portugal pourrait être "contraint" de solliciter une aide en raison de ses "besoins de financement extérieur élevés" et de ses "sources de financement limitées".
Fragilisé par une lourde dette et menacé de récession, le Portugal est depuis des mois dans la mire des marchés, qui exigent des taux d'intérêt de plus en plus élevés pour lui prêter de l'argent.
Pour 2011, les besoins de financement nets du Portugal ont été officiellement évalués à 20 milliards d'euros, et il lui reste encore à rembourser près de 16 milliards d'euros de dette d'ici la fin de l'année, dont plus de 9 milliards d'ici juin.
Or, depuis plusieurs semaines, les taux des emprunts d'Etat portugais à dix ans dépassent largement les 7%, un niveau jugé insoutenable par les économistes.
Mercredi, le Portugal a réussi à lever un milliard de dette à court terme, malgré des taux élevés, lors d'une émission marquée par une forte demande.
Selon le ministère des Finances, "plus de la moitié" de cette dette a été achetée par des investisseurs étrangers.
Par ailleurs, Lisbonne a racheté 110 millions d'euros d'obligations, arrivant à échéance en avril et juin prochains. Selon les économistes, la faiblesse des montants en cause montre que les investisseurs sont convaincus que le Portugal sera capable de rembourser sa dette.
"C'est un signe de confiance", a assuré le ministère des Finances dans une note aux rédactions.
Ces derniers jours, les responsables portugais ont néanmoins reconnu qu'ils attendaient le soutien de leurs partenaires européens afin de rassurer les marchés. Le Portugal plaide en particulier pour une hausse de la capacité financière du futur mécanisme à 500 milliards d'euros et défend la possibilité d'achat direct de dette publique, une option contestée notamment en Allemagne.
Mercredi, le Premier ministre portugais José Socrates devait rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin, et plaider la cause de son pays.
Selon des informations des médias portugais, il devait lui présenter, en avant-première, les derniers chiffres de l'exécution budgétaire, faisant état d'une réduction des dépenses de l'Etat de 3,6% sur les deux premiers mois de l'année.
AFP.
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