Athènes - Après le plan de sauvetage de la Grèce décidé à Bruxelles, Athènes se prépare à abandonner une partie de son autonomie à l'Europe qui va renforcer son contrôle, et à un sprint jalonné d'obstacles pour faire voter une série de réformes et un changement de la Constitution.
"Beaucoup reste à faire, dans un avenir immédiat, pour réaliser toutes les actions nécessaires", a déclaré le Premier ministre Lucas Papademos à la presse à Bruxelles en qualifiant néanmoins la journée "d'historique".
"Et bien sûr pour mener à bien toutes les réformes prévues dans le nouveau programme économique grec", a-t-il ajouté.
La zone euro a décidé aux forceps mardi d'un nouveau plan de sauvetage record, atteignant potentiellement 237 milliards d'euros pour la Grèce dans l'espoir de lui éviter la sortie de l'Union monétaire, sans pour autant apaiser les inquiétudes sur l'avenir du pays.
"Même avec cet accord, la plupart des problèmes de la Grèce sont à venir, et non derrière" a estimé mardi Sony Kappor, directeur général du think-tank économique Re-define, qui juge "trop optimistes" les pré-supposés politiques et sociaux de l'accord.
De fait, à Bruxelles, le Commissaire européen Olli Rehn a bien précisé que le geste "sans précédent" de solidarité financière de l'Europe s'accompagnait de "conditions rigoureuses" vis-à-vis de la Grèce.
Première condition, la "Task Force" dirigée par l'Allemand Hors Reichenbach qui avait été montée pour conseiller la Grèce sur la mise en place des réformes demandées, va être dotée d'un pouvoir de contrôle "sur l'application du programme économique" et devra assurer une présence "permanente" en Grèce, a indiqué M. Rehn.
Deuxième condition, le service de la dette grecque sera désormais assuré via le versement des fonds européens sur un compte bloqué.
Ce qui empêchera Athènes d'utiliser l'aide européenne sur d'autres postes budgétaires, comme le paiement des salaires des fonctionnaires ou des retraites par exemple, et contraindra le pays à accélérer les réformes d'économie budgétaire.
Tâche ardue dans un pays dont l'économie est étouffée par la récession depuis cinq ans. Tâche jugée impossible par certains analystes comme Jean Pisany-Ferry de l'Institut Bruegel: "Beaucoup pensent que la Grèce ne va pas mettre en oeuvre l'austérité promise et finira soit par décider de sortir de l'euro soit par en être exclue après avoir fait défaut", dit-il dans une note datée du 20 février.
Enfin troisième demande, le Parlement doit dans les deux mois "introduire des dispositions légales permettant de garantir que les fonds européens seront en priorité affectés au service de la dette".
"Cette garantie sera introduite dans la Constitution grecque dès que possible", indique le communiqué de l'Eurogroupe.
Techniquement parlant, le gouvernement de coalition droite-socialiste dispose d'une majorité de plus de 200 voix lui permettant de lancer cette procédure.
En Grèce, une révision constitutionnelle nécessite deux votes à un mois d'écart portant chacun 180 voix de majorité, suivis d'un vote à majorité simple par le Parlement qui suit, et portant sur le fond des articles à modifier.
Mais ce chantier doit être mené par un pays en crise économique, sur fond d'instabilité politique à quelques semaines d'élections législatives anticipées et d'agitation sociale contre les mesures d'austérité.
Le Parlement est en effet contraint en plus d'adopter un collectif budgétaire sévère prévoyant des économies de plus de 3 milliards d'économie en 2012, dont 325 millions de nouvelles coupes dans les retraites ou la défense.
Les syndicats ont appelé à de nouvelles manifestations mercredi à Athènes, la chef du parti communiste Aleka Papariga, parti qui a le vent en poupe dans les sondages, estimant que la "vie du peuple va devenir un enfer" après le plan européen.
Un conseil des ministres est annoncé pour 19H00 (17H00 GMT), selon une source parlementaire.
"Nous n'avons que quelques jours avant le sommet européen du 29 février et nous devons faire beaucoup de choses en peu de jours" a résumé le ministre des Finances Evangélos Vénizélos à la presse.
Ce "marathon", mot utilisé par Olli Rehn, doit conduire la Grèce à éviter un défaut de paiement le 20 mars, date à laquelle elle est censée rembourser 14,43 milliards d'euros d'obligations arrivant à maturité.
Le paiement des remboursements va être repoussé et réduit par le plan dit PSI d'effacement partiel de la dette, qui fait partie du plan global de sauvetage.
AWP
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