RUXELLES - L'Espagne a bloqué lundi la nomination du Luxembourgeois Yves Mersch au directoire de la BCE, qui suscite depuis des mois une polémique sur l'absence de femmes au sein de cette instance, entraînant un nouveau retard pour pourvoir ce poste, a-t-on appris de sources concordantes.
Le Conseil européen, qui représente les Etats membres, n'a pas été en mesure de prendre une décision par le biais d'une procédure écrite sur la nomination d'un nouveau membre du directoire de la BCE, a fait savoir dans un communiqué le Conseil.
L'Espagne est en désaccord avec la procédure écrite, a-t-on indiqué de source diplomatique espagnole à Bruxelles, ajoutant que Madrid a refusé cette procédure accélérée car elle considère que le débat doit être porté devant les chefs d'Etat et de gouvernement.
La question doit maintenant être à l'ordre du jour d'un prochain sommet européen, avec l'objectif de prendre la décision formelle, a confirmé le Conseil dans son communiqué. Les prochains ont lieu les 22 et 23 novembre, puis les 13 et 14 décembre.
Le Conseil européen avait lancé la semaine dernière une procédure écrite pour confirmer la nomination de M. Mersch. Les gouvernements avaient jusqu'à lundi en milieu de journée pour y répondre.
Mais pour être validée, elle devait être approuvée à l'unanimité des 17 Etats membres de la zone euro. Or elle a été bloquée par au moins un Etat membre, l'Espagne, ce qui suffit à l'interrompre, ont annoncé deux députés européens en pointe sur ce dossier, la libérale Sylvie Goulard et le Vert Sven Giegold.
Le poste est vacant depuis la fin du mandat en mai de l'Espagnol José Manuel González-Páramo.
M. Mersch, 63 ans, actuel gouverneur de la Banque centrale du Luxembourg, a été recommandé en juillet par les ministres des Finances européens. Il a été préféré à deux autres candidats masculins: un autre Espagnol, Antonio Sainz de Vicuña, et le Slovène Mitja Gaspari.
Derrière la question de la parité, l'Espagne, quatrième économie de la zone euro, manifeste son mécontentement de ne plus disposer d'aucun poste au sein des instances dirigeantes de la zone euro, estime une source européenne.
Elle plaide pour un processus plus transparent et entend porter ce débat devant le cénacle des dirigeants européens, ajoute-t-on.
En outre, à l'heure où l'Espagne tergiverse toujours pour demander une aide européenne, M. Mersch est considéré comme un partisan d'une politique monétaire rigoureuse, proche des positions défendues par la Bundesbank.
La fronde contre la nomination de M. Mersch ne cesse d'enfler depuis quelques semaines. Le Conseil des gouverneurs de la BCE, principal organe de décision de la banque centrale, est composé de 23 membres, les six membres du directoire et les 17 gouverneurs des banques centrales nationales. Il ne compte plus aucune femme, et ce au moins jusqu'en 2018, date du prochain renouvellement.
La dernière femme à avoir été membre du directoire de la BCE, l'Autrichienne Gertrude Tumpel-Gugerell, a été remplacée en 2011 par un homme, le Belge Peter Praet, alors préféré à une candidate slovaque.
Le 25 octobre, le Parlement européen a même rejeté la nomination de M. Mersch lors d'un vote certes consultatif, mais hautement significatif.
La bataille continue pour éviter un directoire de la BCE qui ne compterait que des hommes en violation des principes fondamentaux de l'Union européenne ont promis lundi Mme Goulard et M. Giegold.
Ils ont appelé le président du Parlement européen, Martin Schulz, à demander officiellement au Conseil de désigner un nouveau candidat, qui serait en l'occurence une candidate compétente.
afp
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